Franz Beckenbauer, légende du football mondial, est mort

Champion du monde en 1974 en tant que joueur, puis en 1990 en tant que sélectionneur avec l'Allemagne, Franz Beckenbauer s'est éteint, lundi, à l'âge de 78 ans.

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Il était l’un des symboles de la reconstruction allemande d’après-guerre. Né dans les ruines de Munich en 1945 et devenu un footballeur de génie, double Ballon d’Or, Franz Beckenbauer est mort, lundi 8 janvier, à l’âge de 78 ans, a annoncé la Fédération allemande (DFB) à l’agence de presse SID, filiale de l’AFP. Surnommé le « Kaiser » (l’empereur), il a mené l’Allemagne de l’Ouest au titre de champion du monde, en 1974, à domicile, avant de remporter une nouvelle fois le Mondial, en 1990, en tant qu’entraîneur. Souffrant depuis plusieurs années, ses apparitions publiques se faisaient très rares et son état de santé ne lui avait pas permis de se rendre au Brésil pour les funérailles de son ancien coéquipier au New-York Cosmos, Pelé, début janvier 2023.

Pourtant fan du Munich 1860, où il rêvait d’évoluer, Franz Beckenbauer débute sa carrière professionnelle au Bayern Munich, où il a été formé, à une époque où le club bavarois était loin d’avoir la même aura qu’aujourd’hui. En cause ? Une gifle que lui a assénée un joueur du Munich 1860 lors d’un tournoi de jeunes, pas digérée par le futur « Kaiser », qui affirmait déjà son caractère bien trempé.

Dès sa première saison en équipe première, en 1964-1965, il participe grandement, avec 16 buts, à la promotion du Bayern en Bundesliga. Un championnat qu’il remportera ensuite à cinq reprises, quatre fois avec les Bavarois (1969, 1972, 1973 et 1974), et une fois avec Hambourg (1982).

Le bras en écharpe durant « le match du siècle »

Homme clé du Bayern, replacé du poste d’ailier à celui de milieu, il est sélectionné par la République fédérale allemande (RFA), en 1966 en Angleterre, durant laquelle il inscrit quatre buts dont une superbe frappe en demi-finale contre l’URSS de Lev Yachine. Mais les Allemands s’inclinent en finale contre l’Angleterre (4-2 a.p.), dans un match resté dans la légende notamment pour un but litigieux validé pour les Anglais.

Franz Beckenbauer s’illustre de nouveau, quatre ans plus tard, lors du Mondial au Mexique, avec une nouvelle demi-finale mémorable, perdue contre l’Italie, et longtemps considérée comme « le match du siècle ». Une partie marquée par sa luxation de l’épaule, l’obligeant à finir la rencontre le bras en écharpe, pour ne pas laisser ses coéquipiers à dix alors que les deux changements autorisés avaient été effectués.

Le London’s Evening Standard parle alors de lui comme d’un « officier prussien battu, mais fier », sa blessure ne l’empêchant pas de garder sa posture droite. Un officier finalement devenu Kaiser, replacé au poste de libéro, et qui soulèvera enfin la Coupe du monde, brassard de capitaine au bras, lors de l’édition suivante, en 1974, avec une finale à Munich, sur ses terres, devant son public, aux dépens des Pays-Bas d’une autre légende, Johan Cruyff, le « Hollandais volant ».

Cette même année, il remporte la première de ses trois Coupe des clubs champions, l’ancêtre de la Ligue des champions. Un palmarès auquel il faut ajouter deux Ballons d’Or, dont il est le premier lauréat au poste de défenseur, en 1972 et 1976, à une époque où la récompense ne s’adressait qu’aux joueurs européens. Qualifié de « Pelé blanc » par le journal Kicker, il rejoint la star brésilienne aux New York Cosmos à partir de 1977, pour développer le foot aux Etats-Unis.

S’il reconnaît que cette expérience était « à oublier d’un point de vue strictement footballistique », il remporte toutefois le championnat à trois reprises, avant de rentrer deux saisons à Hambourg, puis de retourner pour un dernier galop à New York, où il met fin à sa carrière de joueur en 1983.

Très rapidement, Franz Beckenbauer se tourne vers une carrière d’entraîneur, ou plutôt de sélectionneur, puisqu’il prend en main la sélection nationale allemande en juillet 1984. Comme durant sa carrière de joueur, le titre suprême, la Coupe du monde, se refuse d’abord à lui, avec une défaite en finale en 1986, contre l’Argentine de Diego Maradona. Mais en 1990, les Allemands prennent leur revanche contre l’Albiceleste et sont sacrés champions du monde, permettant à leur sélectionneur de devenir le deuxième homme à avoir remporté le Mondial en tant que joueur puis entraîneur, après le Brésilien Mario Zagallo et avant Didier Deschamps.

Un passage éclair à l’Olympique de Marseille

Tout juste auréolé de ce titre, le Kaiser file sur le banc de Marseille, au début de la saison 1990-1991, attiré par Bernard Tapie. Mais l’aventure tourne court, avec des résultats en dents de scie, et une influence du président sur l’équipe jugée trop importante par le technicien allemand. Beckenbauer est finalement remplacé par Raymond Goethals sur le banc et prend le poste de directeur sportif, avant d’être limogé en janvier 1991, quatre mois après son arrivée.

Après quelques années loin des bancs, il retrouve Munich et boucle la boucle, chez lui, avec des intérims sur le banc du Bayern, de décembre 1993 à juin 1994, puis d’avril à juin 1996, avec tout de même un titre de champion d’Allemagne remporté en 1994, et une Coupe de l’UEFA, l’ancêtre de la Ligue Europa, soulevée en 1996. Sa carrière d’entraîneur terminée, Franz Beckenbauer prend ensuite la présidence du club bavarois, de 1994 à 2009, et s’investit dans les instances, en devenant vice-président de la fédération allemande et président du comité de candidature de l’Allemagne pour l’accueil du Mondial 2006. Une attribution dont les conditions ont été jugées douteuses et qui a abouti à une enquête de la justice suisse pour soupçons de corruption, mais dans laquelle Franz Beckenbauer n’avait pas été cité, son cas étant disjoint en raison de la détérioration de son état de santé.

Souffrant, le Kaiser avait subi deux opérations du cœur en 2016 et 2017 et se plaignait d’un œil devenu presque aveugle. Les fans de football se souviendront de son élégance sur le terrain, de son génie balle au pied, récompensés par son incroyable palmarès.

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