Calais : au moins vingt-sept migrants morts dans le naufrage d’une embarcation dans la Manche

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Des migrants débarquent d’un bateau de sauvetage de la RNLI (Royal National Lifeboat Institution) sur une plage de Dungeness, sur la côte sud-est de l’Angleterre, le 24 novembre 2021, après avoir été secourus lors de la traversée de la Manche. Le même jour, au moins vingt migrants sont morts en tentant de traverser la Manche, depuis Calais vers l’Angleterre

Un pêcheur a donné l’alerte en début d’après-midi, signalant alors une quinzaine de corps. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, est attendu sur place, et le premier ministre britannique, Boris Johnson, a convoqué une réunion de crise

La Manche aura été particulièrement meurtrière, mercredi 24 novembre, alors qu’au moins vingt-sept migrants sont morts dans le naufrage de leur embarcation, au large de Calais, selon un bilan de la police. Il s’agit du « pire accident », selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, depuis l’envolée, en 2018, des traversées migratoires face au verrouillage croissant du port de Calais et d’Eurotunnel, emprunté jusque-là par les migrants tentant de rallier l’Angleterre.

Le premier ministre, Jean Castex, a regretté une « tragédie » mercredi. « Mes pensées vont aux nombreux disparus et blessés, victimes de passeurs criminels qui exploitent leur détresse et leur misère », a ajouté M. Castex dans un message publié sur Twitter, assurant suivre « la situation en temps réel ». Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a dit, également sur Twitter, se rendre sur place.

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31 500 migrants ont quitté la France par la Manche depuis le début de l’année

« Vers 14 heures, un pêcheur a signalé la découverte d’une quinzaine de corps flottant au large de Calais. Un bâtiment de la Marine nationale a repêché plusieurs corps, dont cinq personnes décédées et cinq inconscientes, selon un bilan provisoire », a détaillé le ministère de l’intérieur. Selon une source proche du dossier, une cinquantaine de personnes se trouvaient à bord de l’embarcation, partie de Dunkerque. Le parquet de cette ville a, par ailleurs, annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) l’ouverture d’une enquête pour « aide à l’entrée au séjour irrégulier en bande organisée » et « homicide involontaire aggravé ».

« Les gens meurent dans la Manche qui est en train de se transformer en cimetière à ciel ouvert, comme la Méditerranée. Tant que l’Angleterre sera en face, les gens continueront à traverser », s’est alarmé Pierre Roques, coordinateur de L’Auberge des migrants, une association de Calais. Outre-Manche, la députée conservatrice de Douvres, Natalie Elphicke, s’est également émue d’« une tragédie absolue »« Cela montre bien que pour sauver des vies en mer, il faut d’abord empêcher les bateaux d’entrer dans l’eau », a-t-elle déclaré, appelant à « mettre fin à ces traversées dangereuses ».

Les tentatives de traversée migratoire de la Manche à bord de petites embarcations ont doublé ces trois derniers mois, avait mis en garde, le 19 novembre, le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Philippe Dutrieux. Au 20 novembre, 31 500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l’année et 7 800 migrants avaient été sauvés, avait-il affirmé. Une tendance, avait-il remarqué, qui n’a pas baissé, malgré les températures hivernales. Selon Londres, 22 000 migrants ont réussi la traversée sur les dix premiers mois de l’année. L’agence de presse britannique PA a estimé ce chiffre à plus de 25 700, soit trois fois plus que sur toute l’année 2020.

Six morts en 2020, quatre en 2019

M. Dutrieux explique notamment ce phénomène par « le cynisme des organisations qui sont derrière ces passages, qui jettent à l’eau des migrants parce que c’est une entreprise qui rapporte bien ». Avant ce naufrage, le bilan depuis le début de 2021 s’élevait à trois morts et quatre disparus dans des traversées de la Manche. En 2020, six personnes avaient trouvé la mort et trois autres avaient été portées disparues. Quatre décès avaient été recensés en 2019.

Ces traversées constituent un sujet de tension régulier entre Paris et Londres, les autorités britanniques estimant insuffisants les efforts français pour empêcher les migrants d’embarquer, malgré le versement d’aides financières. Marquant un durcissement promis dans le cadre du Brexit, le gouvernement du Royaume-Uni a commencé à faire adopter un projet de loi controversé qui réforme le système d’asile et prévoit de durcir les sanctions contre l’immigration clandestine, portant notamment la peine maximale encourue par les passeurs à la prison à vie, contre quatorze ans actuellement.

« Ça fait des années qu’on dénonce et alerte sur la dangerosité de la situation à la frontière », en chiffrant à « plus de 300 » le nombre de migrants morts sur le littoral depuis 1999, a, de son côté, réagi Charlotte Kwantes, responsable d’Utopia56. « Tant que des voies de passage sûres ne seront pas mises en place entre l’Angleterre et la France, ou tant que ces personnes ne pourront pas être régularisées en France, que [Gérald] Darmanin vienne ou pas à Calais, il y aura des morts à la frontière », a-t-elle déclaré.

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