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DIASPORA : LA BI-BANCARISATION, UN MOYEN POUR AUGMENTER LES FLUX DES TRANSFERTS DE FONDS DES DIASPORAS

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DIASPORA : LA BI-BANCARISATION, UN MOYEN POUR AUGMENTER LES FLUX DES TRANSFERTS DE FONDS DES DIASPORAS.

Le ralentissement des activités économiques provoqué par la pandémie de Covid-19 a entraîné la baisse des montants des transferts d’argent de la part des diasporas africaines vers leur pays d’origine. La Banque mondiale prévoit une chute de 23% ces transferts vers l’Afrique cette année, amplifiant ainsi les difficultés économiques pour certains pays, où les envois de la diaspora représentent 10% du PIB et même plus. C’est dans ce contexte que la bi-bancarisation est remise au goût du jour, notamment en France.

La bi-bancarisation permet à un expatrié d’avoir un compte dans son pays d’accueil et un autre dans son pays d’origine, lui donnant ainsi la possibilité d’effectuer des opérations bancaires d’un côté comme de l’autre avec de faibles taxes de change. Elle (la bi-bancarisation) pourrait donc réduire la baisse des transferts de fonds des diasporas africaines prévue cette année, selon Alain Gauvin, avocat associé au cabinet Asafo & Co. Il travaille sur le sujet depuis plus de 15 ans.

« Pour Toute personne expatriée vivant en France et qui souhaite bénéficier de services bancaires, que ce soit au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Sénégal ou ailleurs, c’est beaucoup plus compliqué, parce que ça nécessite de la part des banques des pays d’origine de pouvoir commercialiser leurs services bancaires dans le pays d’accueil, ce qui peut soulever un certain nombre de difficultés. »

Et pourtant, une loi adoptée en France en 2014 permet aux banques des pays bénéficiaires de l’aide au développement de commercialiser certains de leurs services, après avoir obtenu le feu vert de l’autorité bancaire française. Mais c’est une loi qui n’est pas parfaite et qui doit être modifiée. Des propositions d’amendements sont en discussion à l’Assemblée nationale française.

« Nous souhaitons améliorer aujourd’hui 2 choses. D’abord, élargir la liste des produits commercialisables en France. Aujourd’hui, une banque étrangère a la possibilité d’offrir des services de crédit, des moyens de paiement, de l’ouverture de comptes bancaires – ce qui est déjà pas mal -, mais ce que l’on souhaite, c’est élargir ces services également aux placements d’épargne collectifs. Deuxième type d’amendement, élargissement des établissements commercialisateurs, qui pourraient être partenaires des banques africaines ou même filiales des banques africaines, pour commercialiser leurs services en France. »

Ce serait la meilleure façon de drainer plus l’épargne des diasporas africaines vers leurs pays d’origine, à des coûts inférieurs à ceux que pratiquent les sociétés de transfert d’argent. Sur ce terrain, le Maroc a une longueur d’avance par rapport à d’autres pays africains.

Jaouad Hamri, président de la fondation Academia.

« Le fait qu’il y a un système bancaire accessible à la fois dans le pays d’origine et dans le pays de résidence, ça augmente les flux de rentrée de devises pour le Maroc. Sachant également que les Banques internationales présentes au Maroc et en Europe d’une manière générale, contribuent de manière très forte à flécher ces flux vers le Maroc de manière beaucoup plus fluide et à des coûts beaucoup plus compétitifs, parce que le coût des transferts à travers des institutions spécialisées est excessif ! »

Les sociétés de transfert de fonds facturent en moyenne 6 à 7% chaque opération. Ce qui est loin de l’objectif d’un maximum de 3% que recommande la Banque mondiale. Seulement deux banques marocaines commercialisent aujourd’hui leurs services dans quatre pays européens, dont la France. Et les transferts vers le Maroc sont relativement plus importants par rapport aux autres pays africains : sept milliards de dollars en 2019 contre trois milliards de dollars vers le Sénégal ou encore deux milliards de dollars vers l’Algérie. Les fonds transférés par les Marocains de la diaspora représentent 6,5% du PIB du Royaume, alors que le Sénégal reçoit de sa diaspora près de 10% du PIB.

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