Enjeux, programme, attentes : tout savoir sur le sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial

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De nombreux chefs d’État, représentants d’institutions financières mondiales ou encore d’ONG sont attendus à Paris ce jeudi pour le « sommet pour un nouveau pacte financier mondial ». Mais quels sont les objectifs ? Pourquoi ce sommet a-t-il lieu et quels sont les attentes ?

Ce jeudi, le Palais Brongniart, à Paris, accueille pour deux jours le « sommet pour un nouveau pacte financier mondial« . Il doit permettre des débats entre des chefs d’État et de gouvernement de pays du Nord et du Sud, des représentants d’institutions financières mondiales, des ONG, des représentants du secteur privé et de la société civile (économistes) afin « de jeter les bases d’un nouveau système pour relever nos défis communs : la lutte contre les inégalités, le changement climatique, la protection de la biodiversité ».

Pendant deux jours vont se succéder des dizaines de conférences et des tables rondes sur des sujets très spécifiques et parfois techniques comme par exemple l’évolution du modèle « des banques multilatérales de développement ». Emmanuel Macron s’exprimera ce jeudi matin durant la cérémonie d’ouverture. À quoi faut-il s’attendre durant ce sommet ? Pourquoi a-t-il lieu ? Analyse.

À quoi sert ce sommet « ambitieux » ?

Les objectifs sont multiples mais l’idée générale de ce sommet est, selon les organisateurs, de « réformer le système financier international », à savoir « construire un nouveau consensus pour un système financier international plus solidaire.  » Cela passe notamment par « définir les principes des réformes à venir et fixer une trajectoire vers un partenariat financier plus équilibré entre le Sud et le Nord. » Il doit aussi « ouvrir la voie à de nouveaux accords pour lutter contre le surendettement et permettre à davantage de pays d’accéder aux financements dont ils ont besoin pour investir dans le développement durable, mieux préserver la nature, faire chuter les émissions et protéger les populations contre la crise écologique, là où c’est le plus nécessaire. »

Suite à ce sommet, le Nouveau pacte financier mondial permettra de mieux « lutter contre les hauts niveaux d’endettement qui empêchent les gouvernements de mettre en œuvre une action ambitieuse pour réduire les fractures climatiques, économiques et technologiques qui risquent de fragmenter notre monde. » Emmanuel Macron le promet, « nous frapperons fort, car nous allons tout d’abord établir un nouveau consensus. »

Il sera évidemment question de climat et de la manière dont on peut réformer le système d’aide public au développement pour tenir compte de la crise climatique et réparer les dégâts. Emmanuel Macron a entendu les doléances des pays du Sud lors de la COP sur le climat en Égypte en novembre dernier. Il faut mobiliser des ressources publiques et privées, au moins 1000 milliards de dollars par an, pour limiter la crise climatique.

Plusieurs pistes sont sur la table : suspendre la dette d’un pays victime d’un événement climatique extrême ou d’une catastrophe naturelle, inondation, sécheresse accrue. Le tabou des taxes internationales revient également dans les discussions. La France est notamment pour une nouvelle taxe carbone sur le transport maritime, aux côtés des îles Marshall et Salomon.

En revanche, il sera plus difficile de trouver un consensus sur une taxe sur les transactions financières . La France sait aussi qu’elle n’a pas la capacité de décider mais pour l’Élysée, l’essentiel est de donner un élan politique et commencer à définir une feuille de route sur ce sujet très sensible. Les pays du Sud, de leur côté, ne cachent pas leur impatience. En Afrique, plusieurs États, le Sénégal, le Ghana, le Kenya sont très en colère contre l’insuffisance des financements des pays du Nord et l’inertie du système actuel d’aide au développement.

Comment l’idée de ce sommet est-elle née ?

L’idée de ce sommet inédit est née en Égypte, en novembre dernier, lors de la dernière COP sur le climat. Emmanuel Macron s’entretient alors avec Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade, une île des Caraïbes, qui réclame une refonte complète du système financier international. Le chef de l’État l’entend et invite donc ses homologues à Paris pour un nouveau pacte financier mondial.

« Le monde est actuellement confronté aux conditions les plus difficiles depuis des décennies » affirment les organisateurs sur le site de l’événement. Suite à la crise du Covid 19, la dette publique « a atteint un niveau sans précédent dans tous les pays « . Selon eux, « un tiers des pays en développement et deux tiers des pays à faible revenu présentent un risque élevé de surendettement« .

Autres constats : l’inflation a « fortement » augmenté et la « tendance mondiale à la réduction de la pauvreté observée depuis plusieurs décennies s’est interrompue, voire inversée, entrainant des écarts économiques grandissants à l’échelle mondiale ». « Les réponses apportées par la communauté internationale sont aujourd’hui fragmentées, partielles et insuffisantes », déplore par exemple Mia Mottley, qui appelle donc à « une révision profonde de notre logiciel ».

Qui participe à ce sommet ?

Plusieurs centaines de participants sont attendus mais il y a évidemment des prises de paroles de certaines personnalités qui seront particulièrement scrutées. Seront notamment présents à ce sommet : Emmanuel Macron, le secrétaire général de l’ONU, la présidente de la Commission européenne, le président du conseil Européen, le président de la Banque mondiale, le secrétaire général de l’OCDE mais aussi le Chancelier allemand, le président de la Bulgarie ou encore de nombreux chef d’État africains et asiatiques, comme le Premier ministre chinois et les présidents du Sénégal, de la Tunisie et du Cameroun.

Des dirigeants des banques multilatérales de développement, des organisations internationales, des représentants du secteur privé et des ONG internationales ont également été invités.

Quelles sont les premières pistes d’action envisagées ?

Avant ce sommet à Paris, des travaux préparatoires ont commencé et plusieurs groupes de travail se sont penchés sur une liste d’actions. Voici, d’après les organisateurs, quelques pistes :

  • « Réformer les institutions financières internationales, les institutions de financement du développement et les banques multilatérales de développement, de manière à de qu’elles soient efficaces pour tous, en particulier pour les pays en développement »
  • « Identifier de nouvelles sources de financement pour combler l’écart entre nos moyens et nos besoins, que ce soit en mobilisant de nouveaux acteurs, en créant des marchés carbone efficaces ou en s’accordant sur de nouveaux prélèvements sur les flux de la mondialisation »
  • « Mieux intégrer les stratégies en matière de climat et de développement, afin de parvenir à un développement vert, résilient et solidaire (permettant notamment la protection des pays vulnérables) »
  • « Accélérer l’émergence et la diffusion des technologies essentielles à la transition de l’économie et à la protection des biens publics mondiaux (notamment le climat et la santé), grâce à des mesures incitatives et à des politiques appropriés »

attendent les ONG et associations ?

Des actions concrètes. Oxfam, Réseau action climat, One, Care, Terre Solidaire, Global Citizen ont publié juste avant ce sommet un communiqué dans lequel les ONG et associations « appellent à une transformation en profondeur plutôt que des tours de passe-passe« . Il est ajouté que « les ONG alertent sur le risque que ce sommet ne propose que des solutions très marginales » et que « tout nouveau pacte devra proposer des transformations profondes, visant à rendre l’architecture financière plus démocratique, plus juste et plus durable ». Elles se veulent très claires : ce sommet « ne doit pas renforcer le statu quo, car seule une approche globale et équitable permettra de protéger les peuples et la planète ».

Ce mercredi matin, une quinzaine d’activistes écologistes se sont donné rendez-vous place du Trocadéro à Paris pour une action symbolique. Les militants ont tendu une banderole transparente, transformant par effet d’optique la tour Eiffel en éolienne géante. La banderole portait aussi le message suivant : « End fossil finance. Make polluters pay« . Parmi les activistes présents, ceux de la « Glasgow action team » et de l’ONG « 350.org ». Les organisations écologistes appellent les leaders présents à faire sortir la finance mondiale de l’industrie des énergies fossiles.

Au micro de France Inter, Disha Ravi, fondatrice de la branche indienne du mouvement « Fridays for future » explique que « nous voulons faire en sorte que ce sommet aboutisse à des actions concrètes pour faire face au problème de l’industrie des énergies fossiles« . La militante reste par ailleurs sceptique sur les résultats de ce sommet : « Autour de la table des négociations, il y aura des gens de compagnies pétrolières par exemple, ou des banques qui les financent. C’est contre-productif, c’est comme inviter des moustiques à une conférence sur la malaria. » Cette action a été la première d’une série qui se poursuivra à Paris tout au long du sommet : jeudi place de la bourse et vendredi au niveau du palais Garnier.

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