Expatriation : 62 % des membres de la diaspora veulent entreprendre en Afrique

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S’ils partent, c’est pour entreprendre. C’est du moins la conclusion que dresse une récente étude menée auprès de 800 membres de la diaspora africaine sur l’attractivité professionnelle du continent. Jeune Afrique est parti à leur rencontre pour vérifier ce constat.

Retourner au pays ou construire une carrière en occident ? Pour Khady Niang Diakité, le choix a été une évidence. « Je suis rentrée à Dakar car j’étais frustrée par le manque d’opportunités en France. Et je voulais participer au développement de mon pays », confie-t-elle à Jeune Afrique. Elle est désormais à la tête de sa propre entreprise, Red Lips beauty et réalise un chiffre d’affaires de 57 000 000 francs CFA (environ 87 000 euros).

40 % SE DISENT PRÊTS À RETOURNER IMMÉDIATEMENT TRAVAILLER EN AFRIQUE

Ce que recherchent les candidats au retour

Des profils comme elle, le groupe marocain Intelcia, spécialisé dans les métiers de la relation client et le cabinet d’étude Innongence consulting en ont rencontré beaucoup lors d’une récente enquête sur l’attractivité professionnelle du continent africain réalisée auprès d’un panel de 800 personnes composé de jeunes diplômés et de cadres de la diaspora.

Parmi eux, 40 % se disent prêts à retourner immédiatement travailler en Afrique. Et l’essor des grands groupes de la téléphonie comme Orange, Vodafone, séduit particulièrement ces jeunes cadres.

Selon l’étude, le désir d’entreprendre est le premier facteur motivant un retour en Afrique pour 62 % des diplômés et des cadres de la diaspora. Dotés de diplômes et d’expériences solides, ces jeunes talents perçoivent le continent comme un tremplin pour réaliser leurs projets et connaître une ascension sociale fulgurante.

Choisir une niche

En 2012, Christian Ngan a décidé de quitter son fauteuil doré au sein du capital-investisseur Quilvest Private Equity à Paris, pour rentrer au Cameroun et créer Madlyn Cazalis Group, une entreprise de cosmétiques 100 % naturels et fabriqués localement. Avec 31 employés, une diffusion dans plus de douze pays de l’Afrique francophone via la vente en ligne, et un chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de millions de francs CFA, le businessman affirme avoir réussi son pari, à l’époque risqué mais calculé : « Je me suis lancée sur le marché africain car je savais qu’il y avait très peu d’offres. La réussite aurait été plus compliquée en France ».

SEULEMENT 23 % DES FEMMES ET 24 % DES HOMMES SE DISENT PRÊTS À RENTRER TRAVAILLER DANS UNE ENTREPRISE LOCALE.

Combler une niche est donc l’une des motivations de ces jeunes diplômés, qui considèrent que tout est à construire sur le continent. « J’avais l’opportunité d’implanter au Sénégal, un métier qui n’existait pas en tant que tel », relève Khady Niang Diakhité. Depuis 2015, elle est passée à l’étape supérieure de transfert de compétences en créant « Meet your beauty » qui dispense des masters class en cosmétique au Sénégal et dans la sous-région.

Sécurité de l’emploi

Si l’Afrique est un continent qui attire, les jeunes cadres préfèrent jouer la sécurité salariale en postulant dans des multinationales africaines (51 % d’entre eux) ou étrangères où leurs revenues restent compétitifs. A contrario seulement 23 % des femmes et 24 % des hommes se disent prêts à rentrer travailler dans une entreprise locale.

« On privilégie avant tout la sécurité salariale et la culture de l’entreprise », analyse Yann Hazoume, chasseur de tête indépendant.

Au-delà du revenu, la culture du travail est sans aucun doute l’un des plus grands défis des repats. « Il m’a fallu deux ans, depuis la création de mon entreprise Autohaus Volkswagen Cameroun en 2015, pour plier définitivement bagage et décider de rentrer en 2017 », témoigne Christian Kouam Dzukou, ancien responsable de formation après vente de Volkswagen Group China. « Un temps d’adaptation est nécessaire pour comprendre les mentalités et faire face à un marché africain volatile », conclut-il.»

Comme Yann Hazoume, les recruteurs qui se chargent de mettre en contact des entreprises du continent et des membres de la diaspora souhaitant rentrer insistent de plus en plus sur la capacité de résilience du candidat. Celui-ci doit être prêt à faire face à un marché du travail moins normés, et qui reposent encore sur une culture hiérarchique traditionnelle où l’autorité naturelle découle des positions acquises. Un écho qui ne laisse pas les membres de la diaspora indifférents. Parmi eux, 70% considèrent qu’il est indispensable d’avoir des relations pour décrocher une promotion ou un emploi sur le continent.

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