Patron de TF1, de France Télévisions, du CSA, Hervé Bourges fut “l’homme” du PAF des années 80 et 90. Il est décédé ce dimanche 23 février. Il avait 86 ans.
C’était l’un des personnages incontournables du PAF des années 80 et 90. Dernier président de TF1 avant sa privatisation, en 1987, premier président de France Télévisions en 1992, ancien président du CSA (1995-2001), Hervé Bourges est mort à 86 ans.
Né à Rennes dans une famille bourgeoise et catholique, cousin d’Yvon Bourges, maire de Dinard et plusieurs fois ministre sous la Ve République, il débute sa carrière à Témoignage chrétien (1955-1959) à sa sortie de l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ). Son service militaire, qu’il effectue pendant la guerre d’Algérie, va constituer une étape déterminante dans sa vie. Favorable à l’indépendance du pays après un passage au cabinet du ministre de la Justice, Edmond Michelet (1960-1961), il devient conseiller du président Ben Bella en 1962 après l’indépendance puis d’Abdelaziz Bouteflika, alors ministre de la Jeunesse. Il revient en France en 1968. Mais repart en Afrique deux ans plus tard, cette fois-ci au Cameroun, où il fonde l’École de journalisme de Yaoundé, qu’il présidera jusqu’en 1976. C’est à cette époque qu’il tisse des liens étroits avec divers chefs d’États et dictateurs africains, comme Paul Biya ou Omar Bongo. Les allers-retours entre l’Afrique et la France s’achèvent en 1976, quand il prend la direction de l’ESJ Lille.
“Père fondateur” de France Télévisions
L’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, dont il est l’un des rares relais dans les médias, va constituer un formidable accélérateur de carrière : proche de Pierre Mauroy puis de François Mitterrand, il est nommé directeur de RFI en 1982. Un an plus tard, il est appelé au chevet de TF1, alors publique, à une époque où Antenne 2, plus jeune et plus ouverte aux nouvelles cultures, lui taille des croupières. Il quitte TF1 quelques mois après son rachat par le groupe Bouygues, en 1987. Après des passages par Canal+ Afrique et Radio Monte-Carlo, entre autres, il est nommé en 1990 à la présidence commune d’Antenne 2 et de FR3, qui deviendront France 2 et France 3 deux ans plus tard à la faveur de la création du groupe France Télévisions, où il défendra sa vision d’une « télévision populaire de qualité ». « France Télévisions est en deuil de son “père fondateur” », a d’ailleurs déclaré ce 24 février l‘actuelle patronne des chaînes publiques, Delphine Ernotte Cunci.
À la fin de son mandat, en 1995, Hervé Bourges est nommé président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) par François Mitterrand. Il sera l’un des rares à réellement incarner l’institution, tant auprès des professionnels que des pouvoirs publics. « Le CSA, c’est moi », avait-il déclaré non sans humour au Monde en janvier 2001, au moment de quitter son poste. Il y aura su d’ailleurs y construire de solides réseaux, dont l’influence se fait encore sentir aujourd’hui, quasiment vingt ans après son départ.