Les enjeux de la tournée africaine de Kamala Harris

DIPLOMATIE. Dans le sillage de sa nouvelle stratégie africaine, Washington pousse pour rétablir des liens avec les pays africains, face à l’influence russe et chinoise.

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La vice-présidente américaine Kamala Harris est arrivée dimanche 26 mars au Ghana, première étape de sa tournée dans trois pays d’Afrique qui vise à renforcer les liens diplomatiques de Washington avec le continent. Cette visite fait écho à celle de l’ancien président Barack Obama, dans ce même pays, il y a un peu moins de quinze ans. Cependant, le climat géopolitique est très différent, avec la guerre en Ukraine, et surtout l’influence croissante de la Chine et de la Russie. Alors que l’arrivée d’un président noir à la Maison-Blanche en 2008 avait suscité d’immenses espoirs, de nombreux dirigeants africains font régulièrement part de leur frustration quant à la politique américaine en direction de l’Afrique, encore trop perçue comme un continent à problèmes plutôt qu’une terre d’opportunités.

L’Afrique est devenue un enjeu géopolitique

L’enjeu est de taille pour combler le retard pris par Washington, accentué par les années Trump. Désormais, l’administration Biden doit accélérer ses efforts, car la bataille se joue sur le champ diplomatique. Et pour relever ces défis, Kamara Harris doit apporter des preuves de la sincérité des États-Unis, notamment à travers la réalisation des nombreuses promesses non tenues jusqu’ici, et manifestement éviter plusieurs écueils, dont celui de présenter les États africains comme des pions dans la stratégie géopolitique des États-Unis. « Quel honneur d’être ici au Ghana, et sur le continent africain. Je suis très enthousiaste quant à l’avenir de l’Afrique. Je suis très enthousiaste quant à l’impact du futur de l’Afrique sur le reste du monde. Quand je regarde ce qu’il se passe sur ce continent et le fait que l’âge moyen soit de 19 ans, ce que cela nous dit sur la croissance de l’innovation et des possibilités. Je vois en tout cela, une grande opportunité, pas seulement pour les Africains, mais aussi pour le reste du monde », a déclaré la vice-présidente américaine à sa descente d’avion.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a sans aucun doute donné aux États-Unis un sentiment d’urgence supplémentaire pour convaincre plus de pays africains. Les votes de l’ONU pour condamner la guerre russe en Ukraine ont divisé les pays africains.

Dans tous les cas, après d’autres déplacements en Afrique de membres du gouvernement du président Joe Biden ainsi que de son épouse Jill Biden, la visite de Kamala Harris se veut aussi symbolique, elle est la première personne noire et la première femme devenue vice-présidente des États-Unis. Elle s’était rendue en Zambie alors qu’elle était enfant, lorsque sa grand-mère maternelle, originaire d’Inde, y travaillait. Ce voyage lui permettra aussi de renforcer ses qualifications en matière de politique étrangère, en amont d’une potentielle deuxième candidature de M. Biden à l’élection présidentielle de 2024, avec Mme Harris à ses côtés.

Changer la perception américaine sur l’Afrique

Dans l’agenda américain, la tournée de Kamala Harris au Ghana, en Tanzanie et en Zambie, prévue jusqu’au 2 avril, intervient après un sommet États-Unis-Afrique en décembre à Washington, au cours duquel le président Joe Biden a plaidé pour créer un vaste partenariat avec l’Afrique, au moment où les États-Unis cherchent à promouvoir la vision positive portée par Washington, qui voit dans ce continent l’« avenir du monde ». Elle devrait aborder au cours de sa visite la crise climatique, l’amélioration de la sécurité alimentaire et la hausse des investissements sur le continent, a-t-elle indiqué.

Le gouvernement de Joe Biden est conscient de l’« importance stratégique » des pays africains concernant les enjeux mondiaux comme le changement climatique, la résilience des chaînes d’approvisionnement, ainsi qu’en tant qu’« acteurs » au sein de l’ONU. La jeunesse constitue l’un des grands thèmes du déplacement de Mme Harris, alors que la moyenne d’âge est de seulement 19 ans sur ce continent à la croissance démographique rapide, et où l’on estime qu’un terrien sur quatre vivra d’ici 2050.

La vice-présidente américaine devrait rencontrer des entrepreneurs, des étudiants, des femmes et des paysans. Elle doit aussi visiter une ancienne plaque tournante de la traite des esclaves, le fort de Cape Coast (sud). Elle s’entretiendra en outre avec le président Nana Akufo-Addo et rencontrera des représentants de la société civile. Elle doit quitter le Ghana mercredi pour la Tanzanie.

 

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