
« La continuité pour un avenir meilleur », telle était la promesse du candidat Mohamed Bazoum dont l’élection à la présidence du Niger vient d’être confirmée par la Cour constitutionnelle. Par un arrêt paru dimanche 21 mars, l’institution nigérienne a validé sa victoire avec plus de 55 % des suffrages lors de la présidentielle du 21 février dernier. Il succède ainsi à Mahamadou Issoufou, qui est arrivé au terme de ses deux mandats légaux.
La Cour a « constaté » que « Mohamed Bazoum a obtenu le plus grand nombre de voix » et « le déclare par conséquent élu président de la République du Niger pour un mandat de cinq ans à compter du 2 avril 2021 », selon son président Bouba Mahamane, qui a lu l’arrêt au siège de la haute institution. Les résultats de 73 bureaux de vote ont été annulés, a-t-on également appris, sans plus de précisions. Le taux de participation est situé à environ 62,91 %, des chiffres sensiblement semblables à ceux publiés le 23 février par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Une victoire électorale difficilement acquise
Mohamed Bazoum, 61 ans, originaire de Bilabrine, dans la région de Diffa, est arabe, une ethnie minoritaire au Niger. Fidèle parmi les fidèles du sortant Mahamadou Issoufou, il lui succédera le 2 avril, devenant le premier chef d’État à accéder au pouvoir après une transition démocratique entre deux présidents élus dans ce pays rompu aux coups d’État depuis l’indépendance en 1960. Cinq des dix présidents sont des militaires issus d’une série de coups d’État que le pays a connue entre 1974 et 2010. Et le Niger a jusqu’au bout bataillé pour ne pas sombrer dans un scénario qu’il ne connaît que trop bien. En effet, au moment de l’annonce des résultats, l’opposant Mahamane Ousmane a devancé la commission électorale et revendiqué sa victoire avec 50,3 % des voix. Peu après l’annonce par la Ceni le 23 février des chiffres provisoires donnant la victoire à Mohamed Bazoum, des manifestations avaient éclaté dans plusieurs villes du pays, dont la capitale Niamey : plusieurs pillages et destructions de biens publics et privés avaient été commis. Ces troubles se sont poursuivis pendant deux jours, faisant deux morts et plusieurs blessés. Plusieurs centaines de personnes avaient été arrêtées.
Une marche, qui devait être suivie d’un meeting de l’opposition, samedi dernier à Niamey pour contester l’élection de Mohamed Bazoum, a été interdite par les autorités. D’après plusieurs sources, un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé à des endroits stratégiques de la capitale pour empêcher d’éventuelles manifestations d’opposants. Des patrouilles des forces de sécurité sillonnent également la ville de jour comme de nuit, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le combat pour la sécurité s’impose
Au-delà de ce déploiement de renfort dans la capitale, la question sécuritaire s’est imposée comme la priorité du mandat qui s’ouvre. En effet, au moins 60 civils ont été tués dimanche dans une série d’attaques contre des villages de l’ouest du Niger proches de la frontière malienne, six jours après des attaques dans la même zone qui avaient fait 66 morts. Le gouvernement nigérien n’a pas encore confirmé lundi ces nouvelles attaques. Une chose est sûre, depuis plusieurs années, le Niger est la proie d’attaques djihadistes dans ses parties ouest et Sud-Est, proche du Nigeria, qui ont fait des centaines de morts. La « continuité » a été le maître mot de la campagne de celui qui fut le bras droit d’Issoufou durant ses dix années de pouvoir : dans le développement de l’un des pays les plus pauvres du monde, comme dans la lutte contre l’insécurité qui n’a fait qu’augmenter ces dernières années, il entend « poursuivre » l’œuvre de son mentor.