La Conférence nationale épiscopale du Congo (Cenco) a demandé vendredi à l’ONU de faire publier les procès-verbaux du scrutin présidentiel controversé du 30 décembre par la Commission électorale congolaise (Céni), qui a réclamé de son côté un soutien international au président élu.
La Cenco souhaite que « le Conseil de sécurité demande à la Céni la publication des procès-verbaux pour enlever les doutes et apaiser les esprits », a déclaré Mgr Marcel Utembi, lors d’une liaison vidéo avec les 15 membres de la plus haute instance de l’ONU. « Les résultats tels que publiés ne correspondent pas aux données collectées par la mission d’observation de la Cenco », a-t-il ajouté.
L’opposant Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur par la Céni, un résultat mis en doute par l’Occident et l’Eglise catholique, très influente dans le pays. Cette dernière n’a pas dit qui a gagné selon son propre décompte, mais a laissé entendre qu’il s’agirait d’un autre opposant, Martin Fayulu, qui compte exiger samedi un « recomptage des voix ».
A l’opposé, le président de la Céni, Corneille Nangaa, qui a finalement décidé de répondre positivement à l’invitation du Conseil de sécurité, en a profité pour s’en prendre à la conférence épiscopale, mettant en cause sa méthodologie et même le nombre de ses observateurs accrédités. Corneille Nangaa a également exhorté le Conseil de sécurité à soutenir les nouvelles autorités élues — et cela sans même attendre la publication des résultats définitifs — mettant en garde contre une annulation du scrutin. « Nous avons aujourd’hui un président élu » et « il est maintenant temps pour les nouvelles autorités d’être soutenues par la communauté internationale », a-t-il dit par vidéo-conférence, en laissant entendre qu’une éventuelle annulation du scrutin reviendrait à maintenir au pouvoir le président sortant Joseph Kabila, à la tête du pays depuis 2001.
La représentante de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), Leila Zerrougui, a souhaité « le calme » d’ici aux conclusions de la Cour constitutionnelle, attendues « d’ici une semaine ». « Un sentiment de responsabilité doit dominer ces prochains jours », a-t-elle imploré, estimant nécessaire d’« afficher (une) solidarité collective » avec le processus de transition engagé dans le pays.
« Nous attendons de la Céni et de la Cenco davantage de données sur le dépouillement », a souligné l’ambassadeur américain adjoint, Jonathan Cohen, tout comme son homologue belge, dont le pays est ancienne puissance coloniale en RDCongo.
La France et l’Allemagne ont aussi réclamé « la pleine transparence », selon les mots de l’ambassadeur allemand Christoph Heusgen. « La France attend désormais la publication des résultats des élections législatives par la Céni ainsi que la compilation des procès-verbaux pour les élections provinciales et les résultats détaillés des élections présidentielles », a résumé son homologue français, François Delattre.
Au nom de la Russie, Vassily Nebenzia a appelé « la communauté internationale à éviter toute interprétation et spéculation » qui seraient « des violations de la souveraineté de la RDC ». L’ONU maintient en RDC l’une de ses plus anciennes et plus coûteuses missions de paix, avec quelque 15 000 casques bleus.