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Roi Charles III : qu’est-ce que le Commonwealth, dont il devient le chef ?

21 pays africains sur les 56 pays membres du Commonwealth

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Suite au décès de sa mère, Charles III est devenu officiellement le roi du Royaume-Uni ce samedi.

Il est également devenu le chef du « Commonwealth », une alliance internationale datant de 1949.

De quels pays est-elle composée ? Quel est son rôle ? 

 42 fois le tour de la terre. C’est ce qu’a parcouru la Reine Elisabeth II, décédée ce jeudi 8 septembre en Ecosse, en 96 ans d’existence. Cette infatigable globetrotter au service de la couronne britannique a effectué plus de 150 visites dans les pays du Commonwealth, dont elle était la cheffe depuis 1952. C’est désormais son fils Charles III, devenu officiellement roi ce samedi, qui prend les rênes des 56 Etats membres de cette alliance datant de plus de 70 ans. Mais, en quoi consiste-t-elle exactement ?

Union politique, économique et culturelle

Crée en 1949, lors de la déclaration de Londres, le Commonwealth vise à maintenir des liens politiques, économiques et culturels entre les anciennes colonies et protectorats britanniques. Parmi eux : des géants comme l’Inde, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud ou le Canada. Lorsque la reine Elisabeth II est montée sur le trône en 1952, l’Empire britannique était donc en pleine décolonisation. Elle devient l’incarnation de la libre association de 20 monarchies et de 36 républiques, soit 56 Etats* au total, dont 15 d’entre eux reconnaissent le souverain britannique comme unique monarque et chef d’Etat.

Si ces pays n’ont pas d’obligation juridique les uns envers les autres, ils adhérent à une charte de valeurs communes (adoption de l’anglais, respect des droits démocratiques et humains, valorisation de la non-discrimination, application de la séparation des pouvoirs). Ils représentent aujourd’hui 2,3 milliards de citoyens, soit près d’un tiers de la population planétaire.

La tâche du fils d’Elisabeth II est donc immense. Le nouveau roi du Royaume-Uni et chef du Commonwealth – statut non héréditaire qui lui a été octroyé lors d’un sommet à Windsor en avril 2018 après un consensus entre les 56 Etats membres -, a pour objectif de maintenir l’unité apparente du Commonwealth, et lui donner une fonction autre que « symbolique ». A cause d’intérêts divergents, ses actions sont souvent paralysées. « Le Commonwealth est très soucieux de montrer qu’il respecte la souveraineté de tous ses membres pour éviter des accusations de néo-colonialisme, ce qui limite grandement son champ d’action », explique Adrien Rodd, maître de conférences en civilisation britannique à l’université de Versailles-Saint-Quentin.

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Des élans indépendantistes à prévoir

Une alliance encore entachée par ce passé colonialiste qui prônait l’esclavage. C’est pourquoi, certains pays, comme la Jamaïque, veulent désormais s’en délester et abandonner la monarchie constitutionnelle. L’île caribéenne s’est donc prononcée en faveur d’une transition républicaine, comme la Barbade en 2021. Des manifestations ont éclaté en mars dernier, tandis que le prince William, fils du roi Charles III, et son épouse Kate, était en visite officielle. A cette occasion, le Premier ministre jamaïcain, Andrew Holness, avait parlé d’un basculement « inévitable » de la Jamaïque vers un modèle républicain.

Ce désir d’indépendance s’est propagé au-delà de la nation caribéenne pour atteindre l’Australie. Si la question s’était déjà posée en 1999 – par le biais d’un référendum qui n’a finalement pas conduit à l’éviction de la reine à la tête de l’Etat australien -, la question pourrait à nouveau se poser en 2022. Pas certain, en effet, que le roi Charles III jouisse de la même notoriété que sa mère, la Reine Elisabeth II, à l’égard de cette ancienne colonie. Selon d’anciens propos de l’ex-Premier ministre australien, Bob Hawke, le Commonwealth pourrait se briser au moment du décès de la monarque étant « bien plus qu’une figure de proue ».

Pour d’autres pays en revanche, le Commonwealth reste attractif, notamment pour gagner en visibilité sur la scène internationale. C’est le cas de nombreux pays d’Afrique, un continent avec lequel la Reine Elisabeth II entretenait des rapports étroits. Le Gabon et le Togo, sans lien historique avec le Royaume-Uni, ont rejoint l’alliance britannique en 2022. En définitive, rares sont les pays qui quittent définitivement l’alliance : seuls l’Irlande (en 1949) et le Zimbabwe (en 2003) l’ont fait.

Si le Commonwealth doit relever de nouveaux défis pour continuer d’exister en ce début de XXIe siècle, le décès de la Reine Elisabeth II ne devrait pas pour autant signer la fin de l’alliance, selon Cécile Perrot, maître de conférences à l’université de Rennes 2. « Il a une assise culturelle et diplomatique trop ancrée pour disparaître. Mais reste à savoir si cette institution peut servir de véritable instrument de pouvoir, comme le souhaite le Royaume-Uni post-Brexit », assure l’enseignante auprès de RFI.

*Liste des 56 États membres du Commonwealth : Afrique du Sud, Antigua-et-Barbuda, Australie, Bahamas, Bangladesh, Barbade, Belize, Botswana, Brunei, Cameroun, Canada, Chypre, Dominique, Eswatini (ex-Swaziland), Fidji, Gambie, Ghana, Grenade, Guyana, Inde, Jamaïque, Kenya, Kiribati, Lesotho, Malaisie, Malawi, Malte, Maurice, Mozambique, Namibie, Nauru, Nigeria, Nouvelle-Zélande, Ouganda, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Royaume-Uni, Rwanda, Sainte-Lucie, Saint Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent et les Grenadines, Salomon (Îles), Samoa, Seychelles, Sierra Leone, Singapour, Sri Lanka, Tanzanie, Tonga, Trinité-et-Tobago, Tuvalu, Vanuatu, Zambie, Togo, Gabon.

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