Politique

Soudan: le dialogue politique dans l’impasse

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Le comité militaire, qui dirige le Soudan, et la Coalition de la liberté et du changement, qui représente la société civile, s’étaient donné trois jours, à compter de samedi soir, pour mettre en place un conseil conjoint, censé gouverner le pays durant la transition politique. Mardi soir, le délai fixé a expiré, chaque partie campe sur ses positions.

C’est un véritable concours d’arithmétique qui s’est joué ces trois derniers jours à Khartoum pour essayer de définir la composition du conseil conjoint. Les militaires soudanais veulent dix membres, dont sept en uniforme et trois civils. La Coalition de la liberté et du changement, qui représente la société civile, demande un conseil de quinze membres, avec huit civils et sept militaires.

La durée de la transition reste aussi toujours en suspens : les militaires demandent deux ans et les civils le double.

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Mardi, chaque partie a tenu une conférence de presse pour faire part de son dépit. « Nous sommes prêts à négocier, mais nous n’accepterons pas le chaos », a déclaré dans la matinée Mohamed Hamdan Dagalo, vice-président du Conseil militaire de transition.

«Nous sommes prêts à négocier mais plus de chaos après aujourd’hui», a déclaré Mohammed Hamdan Dagalo, numéro deux du Conseil militaire de transition (CMT) en charge du pouvoir, à Khartoum, le 30 avril 2019. © ASHRAF SHAZLY / AFP

Dans une longue conférence de presse, les militaires ont fait part de leurs griefs à l’égard de la Coalition civile. D’abord ils reprochent le manque de stabilité dans les négociations. Selon eux, à chaque tour de table, une nouvelle délégation de civils fait son apparition. Et puis, ils demandent notamment la réouverture de routes, de ponts et de la voie ferrée centrale du pays qui relie Port-Soudan à Khartoum, bloqués par le sit-in. Les militaires assurent que sans cet axe vital, tout le pays est asphyxié et demandent que les militants libèrent le chemin de fer. Une requête refusée par la Coalition qui estime à son tour que les militaires font ici diversion.

Les civils eux accusent les hommes en uniforme de mauvaise foi. « Les militaires n’envisagent pas sérieusement de laisser le pouvoir aux civils, a déclaré Mohamed Naji Al-Assam, l’un des porte-parole de l’APS, l’Association des professionnels soudanais, fer de lance de la contestation. Ils essaient d’étendre leur pouvoir de jour en jour. »

À cette heure, aucune avancée n’a donc été faite sur la composition du conseil conjoint de souveraineté. Tout le monde a fini par convenir que personne n’était d’accord. La Coalition devrait faire de nouvelles propositions au plus vite.

Et pendant ce temps, la place du sit-in, en face du quartier général de l’armée, dans la capitale, occupée par les manifestants, ne désemplit pas. Chaque jour des centaines de Soudanais venus de quatre coins du pays rejoignent les protestataires.

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