Une quarantaine de militants écologistes, personnalités religieuses et croyants se sont enchaînés sur une passerelle au-dessus de la Seine à Paris jeudi, pour protester contre les méga-projets pétroliers du groupe français TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie.
Les militants se sont enchaînés sur la passerelle Leopold Sédar-Senghor, bloquant le passage pendant près de 25 minutes, 1.443 secondes précisément, en référence aux 1.443 kms du futur Oléoduc de pétrole brut d’Afrique de l’Est (EACOP), projet de la multinationale française qu’ils contestent.
Ils répondaient à l’appel d’Extinction Rebellion Spiritualités, une branche du mouvement Extinction Rebellion, bien connue pour ses actions coup de poing de désobéissance civile, et de GreenFaith, une ONG interreligieuse née aux Etats-Unis, qui lutte « pour la justice climatique ».
L’action s’est déroulée à la veille d’une assemblée générale annuelle de TotalEnergies réunissant les actionnaires du groupe.
Dans leur viseur, deux chantiers colossaux intrinsèquement liés: le projet EACOP, le plus long oléoduc chauffé au monde, qui traverse la Tanzanie sur près de 1.500 km, franchissant plusieurs aires naturelles protégées. Et le projet Tilenga, un forage de 419 puits en Ouganda, dont un tiers dans le parc naturel des Murchison Falls.
« une aberration d’un point de vue éthique »
« Croyant.es, corps et âmes contre EACOP », pouvait-on lire sur une pancarte.
Une autre proclamait: « Dans les tuyaux de Total coule la mort », en référence au poème de Guillaume Apollinaire commençant par « Sous le pont Mirabeau coule la Seine ».
« C’est notre devoir en tant que représentants des religions d’être dans cette solidarité avec les populations ailleurs. On va exploiter leurs richesses locales pour le bien de notre mode de vie occidental, ça c’est insupportable », a déclaré devant la presse la pasteure protestante Caroline Ingrand-Hoffet, aux côtés de l’évêque émérite Mgr Marc Stenger, du maître bouddhiste Olivier Reigen Wang-Genh, ou encore de deux rabbins, d’un pasteur, d’un jésuite et d’un penseur musulman.
Elle a justifié l’action de « désobéissance civile, pacifique » par le fait de n’être « pas entendus », « ni par les multinationales ni par l’Etat ».
« L’écologie est au coeur de la religion, cela fait partie de notre bien commun, cette Terre, notre vivre ensemble. Les religions, par leur histoire et leurs valeurs, ont vocation à exprimer leur voix » contre ces projets, a déclaré Kankyo Timera, nonne bouddhiste.
Selon Martin Kopp, chargé de mobilisation à Greenfaith, le pipeline EACOP, « qui représenterait deux fois la longueur de la Seine » est » une aberration d’un point de vue éthique, parce que Total s’attaque à la justice climatique, aux droits humains qui sont bafoués et à la diversité du vivant ».