Manifestation contre le racisme à l’université de Stellenbosch, près de la ville du Cap, le 19 mai 2022.
La diffusion d’une vidéo, qui a indigné le pays, montre un étudiant blanc d’une prestigieuse université uriner sur les livres d’un camarade noir.
L’Afrique du Sud souffre d’un « racisme encore quotidien », a regretté lundi 23 mai le président Cyril Ramaphosa, une semaine après la diffusion d’une vidéo qui a indigné le pays, montrant un étudiant blanc d’une prestigieuse université uriner sur les livres d’un camarade noir.
« Le racisme est toujours présent au quotidien en Afrique du Sud », a déclaré le chef d’Etat dans sa lettre hebdomadaire, qualifiant cet incident dans un dortoir de l’université de Stellenbosch, près de la ville du Cap (sud) de « dégradant et humiliant ».
Cette vidéo d’un étudiant de première année s’exprimant dans un anglais teinté de fort accent afrikaans a largement été partagée sur les réseaux sociaux. Aux premières heures du dimanche 15 mai, un étudiant hors champ lui demande : « Pourquoi tu pisses dans ma chambre ? » Il répond laconiquement, sans s’interrompre : « J’attends quelqu’un. »
Selon le Congrès des étudiants sud-africains, un syndicat étudiant, le jeune homme aux cheveux ras et vêtu d’un blouson beige à capuche aurait ajouté : « C’est ce qu’on fait aux garçons noirs. » « C’est comme s’il avait uriné sur la Constitution elle-même », a fustigé lundi le ministre de la justice, Ronald Lamola, à l’ouverture d’une conférence contre le racisme et la xénophobie en Afrique du Sud.
« Acte méprisable »
Appelant les « parents blancs » à éduquer leurs enfants dans le respect de la diversité, le ministre a ajouté que « ce type d’incident barbare doit être condamné et ne peut pas être pris à la légère ». La victime a déposé plainte.
« Nous devons comprendre pourquoi les attitudes racistes prospèrent dans nos écoles et nos établissements d’enseignement supérieur », ainsi que sur les lieux de travail et dans tous types d’organisations, a insisté M. Ramaphosa, appelant à se saisir de cet « acte méprisable » pour aborder la question des inégalités raciales.
Le président cite encore Kwenzokuhle Khumalo, étudiante en quatrième année au campus de Stellenbosch qui, dans un discours enflammé, micro à la main devant une foule de manifestants, a lancé le week-end dernier : « Cette fois, vous êtes face à la mauvaise génération », loin de celle dominée par le pouvoir blanc sous l’apartheid.
Sur ce campus à majorité blanche dans un pays à majorité noire, plusieurs manifestations la semaine dernière ont réclamé le renvoi de l’auteur des faits. « Nous voulons que cet étudiant soit renvoyé et que l’université crée une commission d’enquête sur le racisme », avait déclaré à l’AFP un représentant syndical étudiant, Sifiso Zulu. L’université a condamné « fermement cet incident destructeur, blessant et raciste », mais doit encore se prononcer sur une éventuelle expulsion.