Union africaine : pour l’ONU, le continent africain a « besoin d’actions pour la paix »

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Sécurité, conflits, zone de libre-échange continentale africaine… les sujets de discussions sont nombreux au 36e sommet de l’Union africaine, qui s’est ouvert, samedi, à Addis-Abeba, en Éthiopie. Un incident a éclaté durant ce premier jour : l’expulsion d’une diplomate israélienne hors de l’assemblée.

Le sommet de l’Union africaine (UA) s’est ouvert, samedi 18 février, à Addis-Abeba, en Éthiopie. Au moins 35 présidents du continent africain y sont présents. L’un des premiers sujets abordés : la sécurité et la paix.

Durant l’assemblée, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a affirmé que le continent avait « besoin d’actions pour la paix », évoquant notamment la situation au Sahel et dans l’est de la République démocratique du Congo.

« Je suis profondément préoccupé par la montée de la violence des groupes armés observée récemment dans l’est de la République démocratique du Congo et par la progression des groupes terroristes au Sahel et ailleurs », a déclaré M. Guterres.

« Le terrorisme et l’insécurité s’aggravent et les conflits sont plus nombreux », a-t-il affirmé. « Nous devons continuer de lutter pour la paix. Néanmoins, pour parler sans détour, les mécanismes de paix vacillent », s’est inquiété le secrétaire général de l’ONU.

En amont du sommet, des échanges ont eu lieu, la veille, sur la situation dans l’est de la RD Congo en proie aux groupes armés, en présence notamment du chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi, et de son homologue rwandais, Paul Kagame. Lors de cette réunion, les dirigeants de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), constituée de sept pays, ont appelé à un « retrait de tous les groupes armés » d’ici le 30 mars.

À propos de l’Éthiopie, le Premier ministre, Abiy Ahmed, hôte du sommet, a loué devant l’assemblée l’accord de paix signé, sous l’égide de l’UA, entre son gouvernement et les rebelles de la région du Tigré, qui a permis selon lui, de faire « taire les armes ».

Zone de libre-échange continentale africaine

Autre sujet des discussions : la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec), qui doit réunir 1,4 milliard de personnes et devenir le plus grand marché mondial en ce qui concerne la population. Le sommet vise à encourager « l’accélération » de la Zlec, destinée à favoriser le commerce au sein du continent et attirer des investisseurs.

Pour l’heure, le commerce intra-africain ne représente que 15 % des échanges totaux du continent.

Selon la Banque mondiale, d’ici 2035, l’accord permettrait de créer 18 millions d’emplois supplémentaires et « pourrait contribuer à sortir jusqu’à 50 millions de personnes de l’extrême pauvreté ». Son PIB combiné s’établit à 3 400 milliards de dollars, selon l’ONU. Mais des divergences demeurent sur le continent, en particulier sur le calendrier des réductions des droits de douane.

Antonio Guterres a estimé que la Zlec « représente une voie véritablement transformatrice vers la création d’emplois et de nouvelles sources de prospérité pour les Africains ». Il a annoncé également que l’ONU débloquerait 250 millions de dollars pour « soutenir certaines des personnes les plus vulnérables » au monde, y compris celles menacées de famine dans la Corne de l’Afrique frappée par la sécheresse.

Annulation de la dette

Par ailleurs, Azali Assoumani, président des Comores, petit archipel de l’océan Indien d’environ 850 000 habitants, a pris la présidence tournante de l’UA, à la suite de Macky Sall, le chef de l’État sénégalais. « Notre organisation vient de prouver au monde sa conviction que tous les pays ont les mêmes droits », s’est félicité le chef de l’État de 64 ans, qui a plaidé pour une « annulation totale » de la dette africaine.

Enfin, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, trois pays dirigés par des militaires issus de coups d’État, à la suite desquels ils ont été suspendus de l’UA, ont envoyé des délégations à Addis-Abeba pour plaider la levée de ces suspensions.

Vendredi, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, a déclaré que le conseil « paix et sécurité » de l’institution se réunirait, à une date non précisée, pour décider d’une éventuelle levée de la suspension de ces trois pays. Samedi, Moussa Faki Mahamat a affirmé que « ces sanctions ne semblent pas produire les résultats escomptés ».

Une diplomate israélienne expulsée

Un incident a par ailleurs éclaté en marge de ce sommet : l’expulsion d’une diplomate israélienne de l’assemblée de l’Union africaine. L’État hébreu a dénoncé cette décision, accusant l’Iran d’être derrière cette « grave » mesure avec la complicité de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, selon le ministère israélien des Affaires étrangères.

En 2022, l’UA n’était pas parvenue à clore ses discussions sur l’accréditation controversée d’Israël en tant que pays observateur. L’Algérie et l’Afrique du Sud avaient en particulier plaidé contre. L’UA n’a pas indiqué si la question allait être débattue au sommet cette année.

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Mais, selon une vidéo mise en ligne, des membres de la sécurité ont escorté Sharon Bar-li, directrice générale adjointe du ministère israélien des Affaires étrangères pour l’Afrique, hors du sommet annuel.

Ebba Kalondo, porte-parole du président de la Commission de l’UA, a expliqué à l’AFP qu’une personne avait été « invitée à quitter les lieux » parce qu’elle n’était pas conviée à cette réunion. L’UA avait adressé une invitation unique à l’ambassadeur d’Israël auprès de l’UA, Aleli Admasu, et cette invitation ne pouvait être utilisée par personne d’autre, a-t-elle poursuivi. « Il est regrettable que la personne en question ait abusé de cette faveur », a conclu Ebba Kalondo.

Pour un porte-parole de la diplomatie israélienne, cette expulsion reste « grave » car Sharon Bar-li avait « une accréditation en bonne et due forme en qualité d’observateur ». « C’est triste de voir l’Union africaine otage d’un petit nombre d’Etats extrémistes comme l’Algérie et l’Afrique du Sud, motivés par la haine et contrôlés par l’Iran », a-t-il dit à l’AFP.

Vincent Magwenya, porte-parole du président sud-africain Cyril Ramaphosa, a rétorqué qu’Israël devait « étayer ses accusations ».

 

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