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En Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa réélu président

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Son parti l’ANC, qui a perdu pour la première fois sa majorité absolue au Parlement lors des législatives fin mai, a trouvé un accord de gouvernement inédit avec le principal parti d’opposition l’Alliance démocratique, libérale.

Malgré le revers subi par son parti, le Congrès national africain (ANC) aux législatives, Cyril Ramaphosa a été réélu président de l’Afrique du Sud, vendredi 14 juin, par le nouveau Parlement suite à un accord inédit avec la principale formation d’opposition, l’Alliance démocratique (DA).

M. Ramaphosa, 71 ans et en fonction depuis février 2018, a obtenu 283 voix, loin devant l’autre candidat Julius Malema du parti radical de gauche EFF qui a lui obtenu 44 voix. « Je déclare l’honorable Cyril Ramaphosa président dûment élu », a annoncé le juge Raypmond Zondo qui présidait la séance.

Les élections législatives fin mai ont marqué un tournant historique pour l’Afrique du Sud, mettant fin à trente ans d’hégémonie de l’ANC de Nelson Mandela. Le parti qui a défait le régime honni de l’apartheid a ainsi perdu pour la première fois sa majorité absolue au Parlement.

« C’est un jour historique » et « le début d’un nouveau chapitre de construction, de coopération », a réagi le leader de la DA, John Steenhuisen, disant se « réjouir de travailler » avec M. Ramaphosa et ses équipes. L’investiture du chef de l’Etat devrait se dérouler mercredi à Pretoria, selon une source gouvernementale.

« Un centre rationnel » du paysage politique

Le futur gouvernement va graviter « autour du centre », entre l’ANC, qui reste majoritaire avec 159 des 400 députés, la DA, libérale, (87 sièges) et le parti nationaliste zoulou Inkhata (IFP, 17 sièges).

La DA avait annoncé dans la matinée avoir trouvé un accord de gouvernement avec l’ANC, positionné « autour du centre rationnel » du paysage politique. John Steenhuisen a estimé que ce gouvernement multipartis est « la meilleure opportunité » pour le pays « d’obtenir la stabilité et une bonne gouvernance propre », loin de la corruption qui entaché l’ANC ces dernières années. Il a précisé que l’attribution de postes de ministres n’était pas encore tranchée. « Nous parlons valeurs et principes d’abord, postes ensuite », a-t-il ajouté.

M. Ramaphosa, ancien syndicaliste ayant fait fortune dans les affaires, avant de revenir à la politique, a affiché toute la semaine une franche décontraction, alors qu’il menait des négociations serrées en coulisses. Il a blagué avec la presse, rassemblée devant une réunion cruciale de l’exécutif de l’ANC : « Mais que faites-vous là, vous êtes si inquiets ? »

Depuis plusieurs jours, une troïka ANC-DA-IFP s’était dessinée, en dépit de tiraillements sur la gauche de l’ANC, qui voyait d’un mauvais œil une alliance avec la DA, apprécié par le monde des affaires mais qui reste largement perçu comme le parti des Blancs et opposé au poids des aides sociales sur le budget notamment.

Mercredi, le dirigeant de l’Inkhata avait confirmé la rumeur, justifiant sa participation au futur gouvernement par le besoin de « stabilité » pour répondre aux difficultés des Sud-Africains, plombés par un chômage endémique, de fortes inégalités et des coupures de courant récurrentes.

Jeudi soir, le secrétaire général de l’ANC, Fikile Mbalula, avait annoncé « une percée » en vue d’un accord commun, confirmant que la coalition graviterait « autour du centre », après un rejet de tout accord par l’opposition de gauche.

Le parti de Jacob Zuma refuse toute discussion avec l’ANC

La semaine dernière, le président Ramaphosa avait invité tous les partis à « travailler ensemble » pour former un « gouvernement d’union nationale », référence à la formule trouvée à la sortie de l’apartheid unissant le premier président noir Nelson Mandela au dernier président blanc, Frederik de Klerk.

Le MK, nouveau parti de l’ancien président accusé de corruption Jacob Zuma, devenu la troisième force politique avec 58 sièges, a refusé toute discussion avec l’ANC. Son parti continue de contester les résultats des législatives et ses députés étaient largement absents vendredi lors de cette première session parlementaire.

Les Combattants pour la liberté économique (EFF, 39 sièges), qui prônent la confiscation de terres aux Blancs ou la privatisation des mines, ont refusé de rejoindre le gouvernement de coalition. Leur dirigeant Julius Malema a dénoncé un « mariage de convenance » entre ANC et DA, qui représente à ses yeux « le capital monopolistique blanc », et a promis de leur constituer « une opposition efficace ».

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