Face à l’afflux, le maire de l’île, Filippo Mannino, a décrété l’état d’urgence. Rome « fera tout ce qui est nécessaire pour aider les habitants de Lampedusa et les migrants qui continuent d’arriver sur l’île », a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères
L’afflux est très important. En vingt-quatre heures, « environ 6 000 personnes » sont arrivées « sur 120 bateaux différents » sur l’île de Lampedusa, a précisé Francesca Basile, porte-parole de la Croix-Rouge, mercredi 13 septembre au soir. De son côté, la RTBF évoque 6 800 personnes, quand le Corriere della Sera compte 7 000 migrants.
Face à cette situation, le centre d’accueil de l’île, d’une capacité de 400 places, est totalement débordé. Signe que la situation est grave : Filippo Mannino, maire de l’île, a décrété l’état d’urgence mercredi soir. De fait, des tensions ont éclaté. Alors que des centaines de migrants souhaitaient quitter les quais de l’île, la police a dû les charger dans une opération de maintien de l’ordre.
Rome « fera tout ce qui est nécessaire pour aider les habitants de Lampedusa et les migrants qui continuent d’arriver sur l’île », a déclaré Antonio Tajani, le ministre italien des Affaires étrangères, sur le réseau social X (ex-Twitter). Déjà, la situation a fait un mort : dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 septembre, une enfant de 5 mois est décédée après être tombée à l’eau. Un deuil municipal a été décrété par le maire alors que, sur les six premiers mois de 2023, plus de 2 000 personnes sont mortes en tentant la traversée de la Méditerranée.
Européennes. Pour les autorités italiennes, l’objectif premier est de réduire la surpopulation de l’île en transférant petit à petit les migrants arrivant vers d’autres cités italiennes. Selon le ministère italien de l’Intérieur, près de 118 500 migrants sont arrivés en bateau depuis le début de l’année. C’est près du double comparé à 2022 sur la même période. Cet été, Rome a mis en scène sa stratégie sur l’immigration.
De nouveau, la situation des routes migratoires crée une tension au niveau européen, alors que la réforme du pacte sur l’immigration et l’asile est toujours sur la table des négociations à Bruxelles. Mercredi 13 septembre, l’Allemagne a ainsi décidé de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, l’accueil volontaire de demandeurs d’asile (le « mécanisme volontaire de solidarité européen ») qui proviennent d’Italie, indique Le Monde.
Pour justifier sa décision, Berlin évoque « la forte pression migratoire actuelle vers l’Allemagne » et « la suspension persistante des transferts de “Dublin” par certains Etats membres », dont l’Italie. Mais le dossier prend aussi une tournure très politique, alors que l’extrême droite monte en puissance en Allemagne. L’AfD cherche à marquer le coup lors des prochaines élections européennes de 2024 et l’Allemagne tient à afficher une certaine fermeté.