Forcé de démissionner suite aux révélations d’espionnage au sein du Crédit Suisse, le banquier ivoirien Tidjane Thiam, véritable star dans son pays d’origine, quitte la banque helvétique vendredi 14 février, après cinq ans à sa tête. Jeudi, à la veille de son départ, il a présenté des résultats très positifs. Certains actionnaires déplorent son départ.
Il voulait partir avec panache. Tidjane Thiam, qui va abandonner vendredi son poste à la tête du Crédit Suisse, la deuxième banque du pays, a annoncé jeudi 13 février un bénéfice en hausse de 69% sur l’exercice 2019, à 3,4 milliards de francs suisse, soit un peu plus de 3 milliards d’euros.
Eclaboussé par un scandale d’espionnage d’un ancien collaborateur de la banque, le dirigeant ivoirien, poussé à la démission, conserve au moins la réputation qui fut la sienne durant deux décennies : celle d’un financier brillant et d’un redresseur d’entreprise hors pair.
Son départ forcé provoque des remous au sein du Crédit Suisse
Lorsqu’il arrive en 2015 à la tête du Crédit Suisse, il a pour mission de relever les comptes d’un établissement au bilan déséquilibré et dont les choix stratégiques s’étaient révélés désastreux. Auréolé de sa réputation après avoir sauvé l’assureur britannique Prudential, Tidjane Thiam compresse les coûts et réoriente la banque vers la gestion de fortune, une branche beaucoup plus rentable.
En trois ans le pari est réussi, et le Crédit Suisse voit désormais l’avenir avec sérénité. « Je suis fier de ce que le Crédit Suisse a réalisé pendant mon mandat », a déclaré Tidjane Thiam dans un communiqué, estimant que la banque avait été remise « sur de bons rails ».
Certains actionnaires, comme le fonds Harris Associates, ne se remettent d’ailleurs pas de son départ. La société, qui détient plus de 8% du capital de la banque, réclame la tête du Suisse Urs Rohner, président du conseil d’administration, qu’elle rend responsable du départ de Tidjane Thiam.