Mossadeck Bally est désormais président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), désigné presqu’à l’unanimité avec 90,70 des voix. Influente figure entrepreneuriale en Afrique de l’Ouest et magnat de l’hôtellerie depuis une trentaine d’années, le PDG du Groupe Azalaï prend les commandes d’une organisation en quête de souffle, dans un contexte économique particulier.
Au cours des cinq prochaines années, le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) sera présidé par Mossadeck Bally, fondateur et président-directeur général (PDG) du groupe Azalaï Hotels. Il a été élu samedi 1er octobre par 117 délégués inscris sur 129, soit 90,70% des voix. L’homme d’affaires est ainsi conduit à la tête d’un bureau de 31 membres dont cinq femmes.
Regardé comme le leader de l’apaisement, Mossadeck Bally ainsi les rênes du patronat après plusieurs années de turbulences au sein de l’organisation, souvent en proie à des luttes de succession. On se souvient encore de la rivalité qui opposait son prédécesseur, Amadou Sankaré -un magnat des affaires à la tête d’un conglomérat d’une trentaine de sociétés- à Mamadou Sinsy Coulibaly, longtemps présenté comme l’homme le plus riche du Mali et qui a fait la pluie et le beau temps du CNPM pendant de longues années en tant que président.
« Le temps de se projeter vers le futur »
Réagissant à son élection, Mossadeck Bally tient un discours plutôt visionnaire, dont quelques extraits sont rapportés par l’agence de presse malienne. « C’est le temps de se donner la main, de s’unir, notamment tous les ressortissants du secteur privé sans exclusive. C’est aussi le temps de se projeter vers le futur, car le Mali se porte très mal, ainsi que notre économie. C’est alors le moment de voir comment relever notre pays, nos économies et nos entreprises », a-t-il déclaré.
Un patron fort expérimenté
Cela fait environ trente ans que Mossadeck Bally apporte sa pierre à l’édifice du secteur privé et de l’économique au Mali. Natif de Niamey, au Niger, il développe sa fibre entrepreneuriale auprès de son père, un businessman malien. Mais après ses études en France et aux Etats-Unis, le jeune diplômé ne poursuit pas avec l’entreprise familiale, soucieux d »innover. Il met alors le pied en 1994 dans l’industrie hôtelière dominée à l’époque par l’offre étrangère et crée le groupe Azalai en rachetant le Grand Hôtel de Bamako, un établissement mythique de la capitale malienne. Aujourd’hui sa chaine hôtelière – constituée d’hôtels haut de gamme- s’étend au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en Guinée, au Niger et au Cameroun. Il est le premier Africain à réussir ce pari dans la sous-région et dessine déjà les contours de la prochaine étape. « La nouvelle page qui s’ouvre pour le groupe Azalaï est une page d’hôteliers professionnels qui vont mettre à la disposition de promoteurs non hôteliers, l’expertise accumulée durant trois décennies », confiait-il dans un récent entretien avec La Tribune Afrique.
Très engagé en faveur du développement, Mossadeck Bally est également le président du Groupe de Réflexions, d’Analyses et d’Initiatives Novatrices. Créé dans le but de promouvoir les valeurs d’équité, d’éthique et de progrès économique, le groupe est constitué d’intellectuels, de membres de la société civile et des grands noms du business malien comme Jamila BenBaba Ferjani, PDG de Laham Industrie ou Abdoullah Coulibaly, fondateur du Forum de Bamako.
Défendre les intérêts du secteur privé
Au Conseil national du patronat du Mali, Mossadeck Bally devra redynamiser une organisation en quête de souffle, dans un contexte économique mondiale et national difficile auquel il faut rajouter la situation socio-politique du pays encore en transition. Riche en ressources naturelles, le Mali est notamment le premier producteur de coton et le troisième producteur d’or d’Afrique. Le secteur privé est impliqué dans tous les secteurs d’activités. Mais les questions de gouvernance ont beaucoup perturbé l’activité économique dans ce pays ouest-africain, « cœur battant » du Sahel.
Le nouveau patron des patrons estime qu’il est désormais nécessaire que le CNPM « en tant qu’organisation et syndicat du secteur privé de défendre nos intérêts et de le faire de façon citoyenne, professionnelle, sans acharnement. Car avant tout, ce pays nous appartient ».