Après le massacre d’au moins 135 personnes à Ogossagou et Welingara, dans le centre du Mali, Dan Nan Ambassagou a été dissous dimanche 24 mars par le Conseil des ministres extraordinaire. Une dissolution rejetée par le groupe d’autodéfense dogon, pointé du doigt par une association communautaire peule dans l’attaque de samedi.
Le groupe a été créé en décembre 2016 « lorsque le pays dogon a été attaqué par les terroristes », raconte Mamadou Goudienkilé, le président de la coordination du mouvement Dan Nan Ambassagou. Des chasseurs traditionnels se placent alors sous la direction de Youssouf Toloba, leur chef d’état-major. En « l’absence de l’Etat et vu que l’armée n’était pas à la hauteur à l’époque », indique le responsable, le groupe se donne pour mission de protéger la communauté dogon contre les attaques des groupes jihadistes liés à au prédicateur peul Amadou Koufa, disent-ils.
En 2018, ils sont accusés par plusieurs associations de droits de l’homme et associations communautaires d’exactions contre des civils peuls. Des faits qu’ils ont toujours niés. En septembre 2018, ils signent un cessez-le-feu unilatéral et rencontrent plusieurs fois le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga pour amorcer les discussions autour du processus de désarmement.
Aujourd’hui, le cessez-le-feu est rompu, ils auraient une quarantaine de camps dans le pays dogon, plus précisément dans les cercles de Douenza, Koro, Bandiagara et Bankass,la localité où a eu lieu l’attaque tuant au moins 130 personnes. « Nous ne sommes pas pour autant responsables de ce massacre », conclut le coordinateur de Dan Nan Amassagou.
Incertitudes
Pourtant, selon Jeunesse Tabital Pulaaku, leur responsabilité est claire et cette association de défense des Peuls la diffuse largement sur tous les réseaux sociaux. Pour elle, les chasseurs de Dan Nan Amassagou ont attaqué le village d’Ogossagou.
« C’était peut-être des chasseurs, mais pas ceux de Dan Nan Ambassagou », répond le président de la coordination nationale. Cette milice a été dissoute par le Conseil des ministres extraordinaire, car cette association « s’est écartée de ses objectifs initiaux », lit-on dans le compte-rendu.
Mais à Ogossagou, « il y a beaucoup de confusion parce que la tenue utilisée, le type d’arme utilisé et le mode opératoire renvoient à des analyses différentes », explique le sociologue Mahamadou Diouara.
Pour l’heure, une enquête reste ouverte, ont rappelé les autorités.