Le milieu de terrain d’origine malienne N’Golo Kanté réalise un formidable travail de l’ombre depuis le début de la Coupe du monde en Russie. Les Bleus lui doivent pour beaucoup leur place en finale.
Demandez à un Français qui sont les joueurs vedettes de l’équipe tricolore, qui disputera la finale de la Coupe du monde face à la Croatie, dimanche 15 juillet, après avoir éliminé la Belgique en demi-finale (1-0) : il énoncera sûrement les noms de Paul Pogba, Antoine Griezmann ou Kylian Mbappé. Moins sûrement celui de N’Golo Kanté.
Pourtant, le milieu défensif est l’ange gardien des Bleus, la clé de voûte de leur équilibre. C’est simple : depuis trois ans, N’Golo Kanté fait gagner toutes les formations par lesquelles il passe. Leicester, le champion le plus surprenant de la prestigieuse Premier League depuis des décennies, lui doit beaucoup pour son énorme exploit réalisé lors de la saison 2015/2016. Ensuite, Kanté est parti à Chelsea et c’est le club londonien qui triomphé du championnat britannique. Aujourd’hui, c’est au service des Bleus que Kanté a mis son fabuleux talent.
Le premier étage de la fusée française
Ce n’est pas par des gris-gris techniques, des frappes de loin ou des buts décisifs que se distingue le natif de Paris. Son truc à lui, c’est la récupération de balle, les courses incessantes pour boucher les espaces et gratter la balle dans les pieds adverses. Dans ce Mondial 2018, Kanté affiche ainsi le plus grand nombre de ballons récupérés de la compétition. Une statistique pas sexy, mais terriblement importante pour une équipe. Surtout dans le football actuel où ce sont les phases de transition très rapides – c’est à dire le temps entre la récupération de la balle et la contre-attaque vers la cage adverse -, qui amènent le plus de buts. Un schéma de jeu dont raffole la sélection française.
Le comportement exemplaire de Kanté, humble face aux micros et très généreux dans ses efforts sur le terrain, influence également ses partenaires qui suivent son exemple. Dans les colonnes du respectable journal britannique, The Times, l’ancien champion du monde 1998, Patrick Vieira, soulignait combien il est important pour un entraîneur d’avoir des joueurs de cette trempe dans son onze de départ. « Pour un entraîneur, Kanté est un numéro 6 de rêve. Il est timide en dehors du terrain, mais tellement fort dessus et il se sacrifie pour l’équipe. Il est intelligent dans son jeu, mais le facteur clé avec lui c’est qu’il vous donne plus que vous n’en demandez », analysait Vieira.
Les Bleus n’ont bien failli jamais profité du talent ce petit homme par la taille (1m68). Doté de la double nationalité franco-malienne, Kanté, qui s’est révélé tard au plus haut niveau, a longtemps hésité entre son pays de naissance et celui de ses parents pour sa carrière internationale. C’est Didier Deschamps, l’entraîneur de l’équipe de France, qui l’a finalement convaincu en mars 2016, à 25 ans, après un intense lobbying en coulisses. Les Aigles du Mali doivent sûrement regretter cette décision. Les Bleus, eux, serrent encore un peu plus fort leur talisman à l’aube de la finale qui s’annonce passionnante face à la Croatie, dimanche 15 juillet.