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Opération de l’armée malienne à Tin Zaouatine : l’Algérie hausse le ton

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Les tensions diplomatiques entre Alger et Bamako sont-elles parties pour durer ? En froid depuis bientôt une année, les relations entre les deux capitales, pourtant historiques, risquent de se détériorer davantage après la récente attaque de l’armée malienne sur la ville de Tin Zaouatine, dans la région septentrionale du Mali, tout près de la frontière algérienne.

Pas moins d’une vingtaine de civils ont trouvé la mort dans une attaque aux drones perpétrée par l’armée malienne appuyé par la milice russe Wagner. « L’armée de la junte malienne et les mercenaires russes du groupe Wagner (…) ont exécuté plusieurs frappes de drones venu du Burkina Faso à Tin Zaouatine, à quelques mètres du territoire algérien », a indiqué dimanche un communiqué des rebelles du cadre stratégique permanent (CSP), une coalition de mouvements politiques et militaire du Nord Mali.

Selon cette source, 21 civils ont été tués, dont 11 enfants et des dizaines de blessés et « des dégâts matériels énormes » enregistrés. Mais pour la junte militaire au pouvoir à Bamako, l’attaque a ciblé essentiellement des « terroristes », qualificatif utilisé pour désigner les groupes armés.

Cette attaque à proximité de la frontière algérienne n’a pas laissé de marbre l’Algérie qui a réagi par la voix de son représentant permanent à l’ONU. Dans une intervention lundi à l’occasion du 75e anniversaire de l’adoption des conventions de Genève, Amar Bendjama a pointé du doigt « non seulement le danger de la technologie, mais aussi les armées privées auxquels font appel certains pays sans qu’ils soient interpellés », dans une allusion franche à la milice Wagner.

« Ceux qui appuient ou ont appuyé sur le bouton pour lancer cette attaque ne sont soumis à aucune interpellation d’aucune partie », a-t-il accusé. C’est pourquoi, il ne réclame rien que moins que des sanctions à l’encontre des auteurs de ces exactions. « Au sein du conseil de sécurité et à l’assemblée générale, on a essayé et on essayera de parvenir à une formule qui va conduire à des sanctions de tels actes qui violent le droit humanitaire (…) ».

Une menace pour la sécurité de l’Algérie

Première réaction officielle de l’Algérie, cette réclamation traduit les appréhensions de l’Algérie sur les répercussions que pourrait induire l’instabilité au Nord Mali sur sa sécurité. Une crainte amplifiée par l’appui apporté par certains pays, comme le Maroc, les Émirats arabes unis, la Russie et la Turquie à la junte au pouvoir à Bamako.

Hostile à toute présence étrangère dans la région, l’Algérie s’est longtemps employée, notamment depuis l’offensive séparatiste du nord en 2012, pour favoriser une solution pacifique à la crise malienne en promouvant la réconciliation entre les factions rivales. Des efforts couronnés par la signature de l’accord d’Alger en 2015.

Mais depuis le second coup d’État en 2021, les nouvelles autorités maliennes ont décidé de remettre en cause l’accord qu’elles ont fini par rejeter au début de l’année en cours.

Peu de temps plus tôt, les tensions avaient éclaté entre Alger et Bamako après la réception par l’Algérie du prédicateur, Mahmoud Dicko, opposant à la junte au pouvoir, dans la foulée de l’offensive des nouvelles autorités sur Kidal, fief des rebelles.

Reste à savoir si les sanctions réclamées par l’Algérie vont aboutir dans l’immédiat au regard des multiples zones de tensions qui secouent le monde, notamment le conflit en Ukraine et en Palestine qui focalisent l’attention des puissances mondiales.

Source: TSA

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