Le président Jacques Chirac, entouré de ses homologues burkinabè Blaise Compaoré, gabonais Omar Bongo Ondimba, camerounais Paul Biya et congolais Denis Sassou Nguesso, lors d’un sommet franco-africain, à Cannes le 16 février 2007. PATRICK KOVARIK / AFP
Cette formule valise, qui a servi à désigner tous les présidents français de la Ve République, collait tout particulièrement à Jacques Chirac. Pour le meilleur comme pour le pire.
Et de tous les commentaires disponibles tôt ce matin, lendemain de l’annonce de sa mort, c’est probablement celui du quotidien burkinabè L’Observateur Paalga qui résume cette ambiguïté (du meilleur et du pire). « Adieu, l’ami qui n’aimait pas nos « bruits » ni nos « odeurs » », lance ainsi ce journal ouagalais.
Dans cet hommage de circonstance, vous venez de l’entendre, c’est tout à la fois la mémoire de « l’ami » qui est saluée, mais aussi celle d’un ami qui ne voulait pas que du bien aux Africains, dont il ne goûtait ni le goût qu’il leur attribuait pour le tapage et les surabondants décibels, ni les relents de leur humanité.
Raison pour laquelle ce journal évoque d’abord ce qu’il appelle le « côté sombre » des relations de Chirac avec l’Afrique, à qui il reproche d’avoir contribué à « nourrir la nébuleuse Françafrique » par ses « amitiés coupables » avec « certains » dirigeants africains, dénonçant son rôle dans les événements « au Congo-Brazzaville en 1997 et en Côte d’Ivoire entre 2002 et 2007 ».
Selon L’Observateur Paalga, « dans ces deux conflits, la France, sous le magistère de Jacques Chirac, a joué un rôle ambigu qui n’a pas fini de nourrir le sentiment antifrançais sur les bords de la lagune Ebrié et les berges du fleuve Congo ».
Toutefois, L’Observateur Paalga souligne aussi « les aspects fusionnels avec les populations et les cultures du continent », les « bains de foule », car Chirac « aimait l’Afrique, les Africains et leurs cultures ».
Chirac était un « symbole de la Françafrique », confirme à sa manière, le quotidien sénégalais EnQuête, son histoire, c’est « une histoire d’amour et d’argent ».
En Côte d’Ivoire, le quotidien gouvernemental Fraternité Matin a choisi de séquencer son hommage à Chirac en deux parties : sa carrière en France, dont ce journal résume ce qu’il appelle « les coups », et Chirac « l’Africain », mais-là, Frat Mat se borne à publier un article sur ce sujet du journal Le Monde, dont le site internet soulignait hier soir que la Côte d’Ivoire fut « la grande affaire africaine de ses 12 années à l’Élysée ».
Et comme nul n’ignore en Afrique les démêlés, en son temps, du président Laurent Gbagbo avec Jacques Chirac, Le Quotidien d’Abidjan – journal proche, justement, de Laurent Gbagbo – revient en Une ce matin sur ce qu’il appelle « les crimes odieux de Chirac en Côte d’Ivoire ».
A l’inverse, le journal Le Nouveau Réveil, proche du PDCI, l’ancien parti unique fondé par Félix Houphouët-Boigny, hisse en Une l’hommage rendu par le président Bédié à Chirac, « le plus grand houphouétiste ».
Commission électorale dépendante
En Côte d’Ivoire, la grande affaire demeure la Commission électorale, dont les nouveaux membres ont été nommés cette semaine. Et le moins que l’on puisse dire est que ces nominations sont loin de calmer l’ardeur de l’opposition ivoirienne, bien au contraire.
« Le camp Gbagbo (est) en colère », lance ainsi Soir Info. « Nous redoutons de gros nuages… nous invitons les militants à se tenir prêts », lance avec force points de suspension la Une de ce quotidien indépendant. Il s’agit bien sûr d’une citation collée à la photo de l’ancien président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly. Lequel serait « révolté, selon Soir Info, car selon lui, « Ouattara ne va pas lâcher le pouvoir ».
Le même Mamadou Koulibaly « charge » à la Une de cet autre quotidien indépendant ivoirien qu’est L’Inter. « Sur les 15 membres (de la nouvelle Commission électorale), 12 sont des hommes de Ouattara », dénombre le président du parti d’opposition Lider, selon lequel, plus de doute, Alassane Ouattara « est candidat ».
Lequel président ivoirien répond également via la Une de L’Inter : « La nouvelle CEI est conforme aux recommandations » et assure que « la présidentielle 2020 se passera bien ».