Politique

Crise au Mali : contribution de Nimétigna Dembélé un cadre de la Diaspora Malienne de France

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Depuis la fin des ANR, je n’ai pas pris la parole pour exprimer mon point de vue sur les conclusions de ses travaux et les conséquences de ceux ci tant à l’intérieur du pays que dans la communauté internationale.
L’opportunité m’est donnée aujourd’hui de porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale sans esprit partisan et en tant que patriote, ce que je pense de ce bouillonnement médiatiquo-politique qui traverse mon cher pays.
Mesdames et Messieurs les internautes, je ferai l’économie des détails sur le M5-RFP et les circonstances de la chute de l’ancien président de la République, les deux coups d’état, la formation de l’équipe de l’ancien Premier ministre et la composition du CNT, l’organe législatif.
Mon propos va concerner, la composition de l’actuel gouvernement de correction des erreurs commises au départ de la Transition,
la tenue des ANR et les recommandations qui en sont résultées, le choix du délai de 5 ans de prolongation de la Transition, le bras de fer avec la CEDEAO et de la communauté internationale.
Mesdames et Messieurs
Quand le premier ministre actuel a été nommé, c’était pour rectifier les erreurs de départ de la Transition. Tous les observateurs avisés de la politique malienne s’attendaient à la formation d’un gouvernement d’union nationale très large et inclusif pouvant même aller jusqu’à 35 voire 40 membres. Le but étant de rassembler les forces politiques du pays pour mieux affronter les velléités de la CEDEAO et de la communauté internationale, mais également de faire taire les voix discordantes
à l’intérieur du pays.
Finalement, au lieu d’aller vers la cohésion nationale en vue de relever le défi monstrueux qui attend le pays, le premier ministre se livre à des règlements de comptes en public et sûrement en privé à l’endroit des partis politiques et associations de la société civile issus du mouvement démocratique des années 1990 et 1991.
Quelle erreur et quel gâchis ?
A t il oublié que sa nomination n’est nullement le résultat ou le verdict des urnes ? Il faut impérativement qu’il se ressaisisse pour que le Mali relève tous les défis auxquels il est confronté. Ce n’est pas le moment d’amuser la galerie, bien au contraire, il faut retrousser les manches et bien attacher la ceinture pour œuvrer pour le Mali à hauteur de souhaits. La mobilisation de tout le pays est une impérieuse nécessité, sinon le pire est à venir.
Deuxième point de mon intervention porte sur la tenue des ANR, (Assises Nationales pour la Refondation du Mali), l’intitulé est très intéressant et il porte en lui une bien généreuse idée. Mais, le gouvernement peut tenir autant de ANR, si celles ci ne sont pas suivies d’effets, cela reste du domaine des incantations et pour masquer les faiblesses et les carences des autorités de répondre à l’immense attente du peuple malien. Depuis la chute de l’ancien président de la République, nous sommes à deux grandes messes de ce type. À un moment donné, il faut savoir s’arrêter et faire un bilan d’étape. Sauf méconnaissance de ma part, toutes les grandes questions que les maliens se posent restent entières et de plus en plus préoccupantes. Depuis août 2020, il n’y a rien de perceptible, on ne fait que parler, il faut agir maintenant. La politique de la petite semaine ne sied plus à la résolution des difficultés multiples, diverses et variées que vivent les maliens.
Les recommandations issues des ANR portant sur la prolongation de la Transition de 6 mois à 5 ans, restent des propositions, rien de plus. Nul responsable ne doit prendre cela pour de l’argent comptant. Avec intelligence, sérieux et sans arrières pensées, il convient de prendre une moyenne pour base de négociations avec la CEDEAO et la communauté internationale. Pour ma part, dans la situation actuelle du Mali, il est impérieux et péremptoire de préconiser une vie en autarcie et en engageant un bras fer avec nos partenaires. Nous ne gagnerons pas cette bataille. Elle est perdue d’avance surtout avec une opposition farouche à l’intérieur du pays. Nous avons tout intérêt à revenir à la raison. Il ne sert à rien de se voiler la face. Ou alors, le choix de la durée de Transition jusqu’en 2026 relève de la volonté de la junte militaire de confisquer le pouvoir pendant au moins un septennat. De là les colonels donneront raison à leurs détracteurs qui prédisaient leur volonté de s’installer au pouvoir illégalement sans mandat et sans légitimité, durablement.
Pour ma part, la Transition peut aller jusqu’à la fin du mandat initial de l’ancien président de la République, autrement dit jusqu’à la fin de 2023. Pendant cette période toutes les réformes indispensables pour remettre le Mali sur les rails seront entreprises. À l’issue des élections générales, le président élu trouvera le terrain assaini, il ne lui restera plus qu’à mettre en œuvre le programme pour lequel il a été élu président de la République.
La fin du mandat de l’ancien président de la République reste une base de négociation avec nos partenaires. Cela permettra d’annuler les lourdes sanctions que la CEDEAO vient de prendre à l’encontre du Mali.Chacun peut se faire plaisir par nationalisme béat de ce bras de fer avec la CEDEAO et de la communauté internationale, mais force est de constater que nous n’avons pas les reins solides pour gagner cette bataille. Notre combat doit être aujourd’hui de choisir des hommes et des femmes qui ont un grand dessein pour le Mali et qui sont rompus à servir et non à se servir. À ce sujet ce vœu est loin d’être gagné, loin s’en faut.
Cordialement
N. Dembélé  cadre Malien de France.

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