Politique

Forum de Dakar : Macky Sall veut « lever les tabous », mais peine à mobiliser

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Le cinquième Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique s’est ouvert lundi 5 novembre à Dakar, en présence notamment du président Macky Sall, de la ministre française des Armées, Florence Parly, et en l’absence remarquée de chefs d’État, en dehors du président gambien, Adama Barrow.

Les sujets du développement et de la sécurité étaient au cœur des débats, lundi 5 novembre, au Centre international de Conférences Abdou Diouf de Diamniadio, près de Dakar. « Il s’agit cette année de mettre l’accent sur les sujets du développement et de l’intervention militaire, car tout l’enjeu est de les rendre compatibles et de les articuler et d’aboutir à une stratégie efficace de mise en œuvre », explique Hugo Sada, organisateur du Forum.

MALGRÉ LES EFFORTS DE L’ONU, MALGRÉ LA PRÉSENCE DE BARKHANE, ON VOIT QU’IL Y A UN PROBLÈME D’ARTICULATION ET D’EFFICIENCE

Cette journée d’ouverture a notamment été marquée par le discours introductif de Macky Sall, qui a souhaité « remettre en cause la philosophie même de la mission de maintien de la paix » et «  lever les tabous », en dénonçant notamment le manque d’efficacité de certaines missions onusiennes.


« Nous sommes prêts à intervenir si le Burkina Faso nous le demande »


« Malgré les efforts de l’ONU, malgré la présence de Barkhane, on voit qu’il y a un problème d’articulation et d’efficience. Lorsque les troupes des Nations unies sont réduites à rester dans le camp, en attente que les ordres viennent de New York ou d’ailleurs, pendant que les malfaiteurs s’en donnent à cœur joie, il faut revoir la nature de la mission. C’est une question simplement de bon sens », a pointé le président sénégalais, devant Bintou Keita, sous-secrétaire générale aux opérations de maintien de la Paix à l’ONU, venue représenter l’organisation.

« Nous avons plus de 10 000 Casques bleus au Mali, il n’est pas possible qu’avec 10 000 Casques bleus, avec la force Barkhane, il continue d’y avoir des forces qui perturbent le pays. Ce n’est pas logique. Il y a des choses qu’il faudrait corriger », a-t-il insisté, citant également les exemples de la Centrafrique et de la RDC. « Depuis 1960, l’ONU est au Congo. Il y a un problème. Cela fait 70 ans ! »

Absences remarquées

Si la question sécuritaire est brûlante sur le continent, notamment au Sahel, au Soudan du Sud ou encore dans la Corne de l’Afrique, aucun des chefs d’État des pays concernés n’avait fait le déplacement. Absent, également, Roch Marc Christian Kaboré, président du Burkina Faso, qui fait actuellement face à une recrudescence de violences.  « Je suis étonné de voir qu’il n’y a pas de délégation officielle du Burkina Faso », a même admis Théodore Naba Palé, secrétaire général de la défense nationale burkinabè qui affirme s’être « invité à la dernière minute ».

En 2017, le Forum de Dakar avait vu la présence du président malien Ibrahim Boubacar Keïta et celle du président rwandais Paul Kagame. Cette année, le président gambien Adama Barrow était le seul chef d’État aux côtés de Macky Sall pour la cérémonie d’ouverture.

G5 Sahel : pour une prospérité partagée


Une perte de souffle du Forum ? « Absolument pas », réponds l’organisateur, Hugo Sada, qui réaffirme sa volonté d’en faire un sommet « avant tout pour les acteurs de la sécurité, qu’ils soient militaires, chercheurs ou universitaires. Les militaires sont en première ligne, leur présence est d’autant plus importantes que celle des chefs d’État. Le succès de ce Forum ne se mesurera pas au nombre de chefs d’États présents. »

Si l’idée de privilégier les acteurs de terrain peut expliquer l’absence des dirigeants internationaux, une autre raison pourrait surtout être la concurrence du Forum de Paris sur la Paix, qui se tiendra du 11 au 13 novembre dans la capitale française en présence de plusieurs délégations officielles et d’Antonio Gueterres, secrétaire général des Nations Unies.

Tractations en coulisse

En outre, insistent les organisateurs, le Forum de Dakar n’a pas vocation à entériner des décisions en matière de sécurité sur le continent. « C’est un Forum que nous avons souhaité sans contrainte à la fin. Pas de signatures pour des décisions qui ne seront peut être pas respectées. Une sorte de discussion préparatoire aux sommets institutionnels qui réunirait plus d’acteurs de terrain. L’absence de contrainte permet d’aborder ces sujets plus librement », expose Hugo Sada.

« L’absence de chefs d’États facilite les discussions. Avec les acteurs du terrains, on aborde des thématiques plus précises, moins protocolaires. », renchérit le colonel-major Théodore Naba Palé, venu pour rencontrer des partenaires, français ou américains notamment, et « discuter en coulisse ». Comme lui, de très nombreux militaires africains et européens siégeaient sur le velours orange des fauteuils de l’amphithéâtre du CICAD. Car, à en croire certains participants, s’il n’est pas le lieu de grandes déclarations ou de prises de décisions globales, le Forum international de Dakar est l’occasion d’amorcer ou de renforcer des collaborations, « en off ».

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