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Le Mali et la Russie signent un accord de coopération militaire

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Dès son indépendance, obtenue en 1961, et bien que « non aligné », le Mali se tourna vers l’Union soviétique, ce qui donna lieu à l’établissement de coopérations en matière militaire, économique et culturelle. Ce rapprochement n’était pas surprenant dans la mesure où Bamako s’orientait alors vers un modèle de type « socialiste collectiviste » et que l’URSS assurait défendre les idéaux anti-colonialistes. Pour Moscou, il s’agissait aussi d’évincer la République populaire de Chine, qui avait des vues sur l’ancienne colonie française.

À partir de là, les forces armées maliennes [FAMa] furent équipées de pied en cap par du matériel soviétique.

« L’URSS livre des équipements lourds, blindés, véhicules, aviation. L’armée malienne participe au rayonnement de l’armée soviétique qui supplante l’armée française. En 1966, on estime qu’une cinquantaine de techniciens militaires soviétiques assurent l’instruction sur les nouveaux matériels livrés et son entretien, et vingt-cinq techniciens militaires pour l’armée de l’Air », raconte Manon Touron, de l’Institut Pierre Renouvin [Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne], dans un article intitulé « Le Mali, 1960-1968. Exporter la Guerre froide dans le pré carré français. »

Seulement, l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 mit un terme à cette coopération, laquelle ne s’était jamais démentie malgré les soubresauts de la vie politique malienne [coup d’État en 1968 ayant abouti à un régime autoritaire, ndlr]. Et elle n’a depuis pas repris, malgré une « nouvelle dynamique » amorcée en 2009. La sitation sécuritaire malienne, avec les mouvements indépendantistes de l’Azawad [nord du Mali] et l’infuence des groupes jihadistes, ne s’y prêtait pas.

Depuis, pour des raisons politiques et économiques, la Russie cherche à reprendre pied en Afrique. D’où son intérêt pour la Centrafrique, où, en échange de concessions minière, elle a envoyé des armes et des « instructeurs », qui sont en réalité des « mercenaires » de la société militaire privée Wagner. Et le tout accompagné d’une propagande anti-française.

Qu’en sera-t-il pour le Mali, aidé par la France pour combattre les groupes terroristes [force Barkhane] et les Nations unies [MINUSMA]?

En effet, le 26 juin, la Russie et le Mali ont officialisé la signature d’un accord de défense, en marge du salon « ARMY 2019 », qui se tient actuellement à Moscou.

« À notre avis, l’intensification des liens militaires est dans l’intérêt de nos deux pays », a commenté Sergei Choïgou, le ministre russe de la Défense, au côté de son homologue malien, le général Ibrahim Dahir Dembélé. « La Russie est prête à contribuer à la normalisation de la situation au Mali et à la création de conditions pour une paix et une stabilité durables », a-t-il ajouté.

Cet accord de défense a été validé en mars dernier par le Kremlin. D’après ce qui en avait été dit à l’époque, il serait question de formation de spécialistes militaires et de coopération dans les opérations de maintien de la paix et la lutte contre le terrorisme.

Il fait suite à une visite faite à Bamako en octobre 2016 par le Mikhaïl Bogdanov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, ainsi qu’au don de deux hélicoptères aux forces armées maliennes. Ce qui marqua un changement dans l’attitude de Moscou ; en 2013, la Russie avait vendu – et non pas donné – 3.000 fusils Kalachnikov aux FAMa, pour un millions de dollars.

Par ailleurs, durant l’été 2017, une association de la « société civile », appelée « Groupe des Patriotes du Mali » [GPM], fit circuler une pétition pour demander l’implication militaire de la Russie dans le pays. Une demande qu’elle a réaffirmée pas plus tard qu’en avril dernier, lors d’une conférence de presse donnée en présence d’Alexeï Doulian, l’ambassadeur russe en poste à Bamako.

« Le GPM sollicite l’intervention militaire de la Russie au Mali car la redynamisation de la coopération Mali/Russie, au-delà des vicissitudes du temps, doit aujourd’hui s’illustrer surtout dans ces moments assez tumultueux, au nom de l’intérêt supérieur des peuples du Mali et de la Russie », avait alors estimé cette association.

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