Politique

Remaniement ministériel au Rwanda: deux poids lourds quittent le gouvernement

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Au Rwanda, le président Paul Kagame a remanié son gouvernement. Il concerne notamment deux portefeuilles stratégiques : les Affaires étrangères et la Défense. Pour le premier, Louise Mushikiwabo, élue à la tête de la francophonie, laisse sa place quant au ministre James Kabarebe, il devient conseiller spécial du président.

C’est tout d’abord un gouvernement plus restreint, plus féminin qu’a désormais le Rwanda. Le nombre de ministères passe de 31 à 26, dont la moitié est occupée par des femmes. Après l’Ethiopie, il y a quelques jours, le Rwanda devient donc le second pays africain à respecter l’équilibre paritaire. « Ce nouveau remaniement vise à rendre le gouvernement plus structuré, plus efficace et davantage axé sur les services aux populations », expliqué la présidence dans un communiqué officiel.

Le gros changement de ce gouvernement, c’est le départ de deux poids lourds. Après dix ans à la tête de la diplomatie rwandaise, Louise Mushikiwabo s’en va pour devenir la nouvelle secrétaire générale de la Francophonie. Elle est remplacée par Richard Sezibera, ancien secrétaire général de la Communauté d’Afrique de l’Est. Plus inattendu, c’est le départ d’un des piliers du régime, James Kabarebe. Ministre de la Défense depuis 2010, ex-chef d’état-major de l’armée, et ancien compagnon de lutte du président Kagame lors du génocide, ce dernier occupera désormais le poste nouvellement créé de conseiller spécial du président pour les questions de sécurité.

S’agit-il d’une promotion ou d’une mise à l’écart ? James Kabarebe fait partie des sept proches du président Kagame inculpés en France dans l’enquête sur l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, qui a précipité le génocide en 1994. Sept personnes contre qui le parquet de Paris a justement demandé la semaine dernière l’abandon des poursuites faute de preuves suffisantes.

Pour le chercheur André Guichaoua, il faut comprendre ce qu’il considère comme « l’éviction » de James Kabarebe dans ce contexte et dans celui de l’élection de Louise Mushikiwabo à la tête de la Francophonie. « James Kaberebe est le personnage-clé de la procédure engagée en France, rappelle-t-il. Au vu des succès récents acquis au niveau international, il faisait tâche d’autant plus qu’il avait plus ou moins été mis en retrait depuis plusieurs années, surtout depuis la relance de la procédure en 2017 quand il a été à nouveau condamné par Paris ».

Le chercheur Filip Reyntjens ne partage pas cette analyse. Il ajoute que James Kabarebe a tout de même été ministre de la Défense pendant huit ans et rappelle les efforts du gouvernement de dépolitiser la politique avec un apport de technocrates plus jeunes au sein du gouvernement.

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