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Ousmane Sonko condamné à deux ans de prison ferme

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Le verdict du procès de l’opposant sénégalais accusé de viol et de menaces de mort est tombé ce jeudi 1er juin 2023 au tribunal de Dakar. Ousmane Sonko est condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » et acquitté des faits présumés de viols et de menaces de mort.

Une condamnation qui le rend inéligible à l’élection présidentielle du 25 février 2024 prochain.

L’opposant n’a pas assisté à son procès et selon son avocat, c’est parce qu’il n’aurait pas reçu sa convocation.

La co-accusée de M. Sonko, par ailleurs propriétaire du salon de beauté où les faits se seraient déroulés, a également écopé de deux ans de prison ferme.

Les deux accusés sont aussi condamnés à payer chacun une amende de 600 000 francs CFA.

Ils doivent aussi payer solidairement une somme de 20 millions de francs CFA de dommages et intérêts à la partie civile, selon une dépêche de l’Agence de presse sénégalaise.

Tribunal de Dakar

Quelle est la réaction des avocats ?

À la sortie du tribunal de grande instance de Dakar, les avocats de la masseuse à l’origine de la plainte pour viol ont témoigné leur satisfaction quant à la condamnation de M. Sonko.

« C’est une satisfaction, mais pas une satisfaction totale. Nous aurions voulu la condamnation de M. Sonko à un minimum de 10 ans ferme mais nous sommes obligés de nous plier à la décision souveraine des juges », déclare Maître El Hadj Diouf devant la presse venue couvrir le procès.

S’exprimant sur la requalification des faits, Me Diouf affirme que « Quand on abuse de sa puissance pour coucher avec une jeune fille, c’est comme un viol. La victoire est qu’on n’a pas nié l’existence d’un contact sexuel, ni les dommages causés à la jeune fille. »

L’ambiance est tout autre dans le camp adverse. Les avocats de l’opposant Ousmane Sonko n’ont pas caché leur déception à la sortie du tribunal. Selon Me Abdy Nar Ndiaye, il n’y a aucun doute, l’objectif sous-jacent de ce procès vient d’être atteint.

Ousmane Sonko

Ousmane Sonko ne peut plus être candidat à la présidentielle selon ses avocats.

« Les faits de corruption de la jeunesse n’ont aucun fondement dans le code pénal. On y parle de corruption de mineur. Ceci est la preuve que leur seule volonté était d’écarter Ousmane Sonko de la course à la prochaine élection [présidentielle]. C’est pour cela qu’ils ont fini par disqualifier les faits et retenu la corruption de la jeunesse en le condamnant à deux ans de prison ferme », fulmine Me Abdy Nar Ndiaye devant la presse.

Selon Me Abdy Nar Ndiaye, ce verdict est d’autant plus suspect que le juge n’a pas ordonné l’arrestation immédiate d’Ousmane Sonko. « Ce qui signifie que leur objectif n’est pas d’arrêter, mais qu’il ne fasse pas partie des prochaines élections », s’indigne-t-il.

Maître Djiby Ndiaye, également membre du pool des avocats d’Ousmane Sonko, déplore pour sa part tous les morts que cette affaire a engendrées « et à l’arrivée il n’y a ni viol, ni menace de mort. »

Il confie cependant à la presse que les avocats d’Ousmane Sonko envisagent des voies de recours. »

Cette condamnation intervient le lendemain du lancement du dialogue national au Sénégal. Une rencontre qui a pour objectif d’aborder les questions clés qui affectent la nation afin « d’asseoir la paix et la stabilité sociale » selon le président Macky Sall.

Des participants à ce dialogue ont d’ailleurs appelé le chef de l’Etat à permettre à tous les hommes politiques qui sont sous le coup d’une condamnation de pouvoir participer à l’élection présidentielle.

Qu’est-ce que le délit de « corruption de la jeunesse » pour lequel Sonko est condamné ?

Dans le Code pénal sénégalais, ce délit est mentionné au dernier alinéa de l’article 324 :  » Sera puni aux peines prévues au présent article, quiconque aura attenté aux mœurs en excitant, favorisant ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de la jeunesse de l’un ou l’autre sexe au-dessous de l’âge de vingt et un ans, ou, même occasionnellement, des mineurs de seize ans ».

Les peines prévues sont de deux à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de trois cent mille à 4 millions F Cfa.

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